À eux trois, ils sont à peine plus vieux que la vénérable Auberge de la Nachtweid, située au bord de l’Ill à Ostwald, en contrebas de l’autoroute des Cigognes, le nom doux de l’A35. Tout juste trentenaires, Robin Dorgler, le jeune chef, Ronan Eberlin et Charles Huck ont racheté cette emblématique adresse dévolue au cordon bleu au munster et à la cuisine traditionnelle alsacienne depuis 1930. Après une séance de brainstorming qui les a emmené du côté de Barcelone, les trois amis ont rebaptisé le lieu Miro pour un concept audacieux et rafraichissant à l’image de la terrasse verdoyante qui s’étale sur 3 000 m2.
C’est bien connu, les voyages forment le cuisinier. À l’adolescence, Robin Dorgler s’en va régulièrement conquérir le monde. Avec ses parents, puis en solo et en prenant parfois le temps de poser ses valises pour « squatter des restaurants ». Comme en Argentine pour apprendre à cuisiner la viande ou encore au Japon pour travailler le poisson auprès d’Hiroshi Yamaguchi, l’un de ses mentors.
Le chef alsacien, également passé par le Taillevent à Paris et l’hôtel-restaurant cinq étoiles La Mourra à Val d’Isère, se trouve au Canada lorsque la pandémie s’invite au menu. L’Europea qui l’emploie ferme ses portes, c’est le bon moment pour lui d’écouter sa famille qui l’enjoint de rentrer au bercail. De retour à Strasbourg, il convainc Ronan, alors juriste, et Charles, « notre ange gardien (dixit Robin) », de le suivre « dans cette aventure humaine un peu folle » d’où les projets fusent entre leurs envies de biergarten, pour « faire griller des cochons pendant sept heures », de concerts en soirée, de potager et même d’un salon de tatouage au premier étage de l’auberge à colombages.