Quand les astres résonnent

Quand les astres résonnent, est l’un des temps forts du Curieux Festival. Une rencontre atypique, mardi 19 avril, au travers de laquelle l’astrophysicien et poète Aurélien Barrau s’associera au batteur expérimental Samuel Klein, aussi à l’origine du projet solo Ars Metrica. Entretien.

Que représente Aurélien Barrau pour vous ?

Je ne l’ai jamais rencontré, mais ça fait quelques années que je suis son combat sur la décroissance et l’écologie. Le hasard fait que j’ai lu son livre Le plus grand défi de l’humanité et je l’ai terminé deux jours avant que le Curieux Festival m’appelle pour me proposer cette rencontre. On a ensuite pris contact, avec des échanges de plusieurs mails pour savoir vers quelle direction on voulait aller. Lui m’envoyait des textes et moi de la musique. On a essayé de construire ce spectacle qui durera à peu près quarante minutes. Moi, dans la musique, je n’ai pas l’habitude de travailler sans répéter, c’est une nouveauté. Lui, écrit des poèmes et il a déjà fait des lectures avec un groupe d’amis, mais jamais avec un batteur en live. Je crois que pour tous les deux c’est neuf ! Il y aura quatre tableaux sur l’astrophysique, autour des multivers et un tableau poétique où on jouera tous les deux ensemble. Je me suis beaucoup inspiré de ses poèmes pour ma musique perso.

En quoi la démarche d’un artiste peut-elle se rapprocher de celle d’un scientifique ?

Ne serait-ce que dans les termes scientifiques, il y a énormément de termes qu’on utilise aussi dans la musique au niveau de la création, comme la métrique, les bands… Plus je lisais le livre d’Aurélien Barrau, plus j’avais l’impression de lire une partition. Par exemple, pour ses schémas représentant le big-bang, j’ai trouvé intéressant de les lires comme un musicien lirait une partition de musique contemporaine, Xenakis par exemple et de relier les courbes à des intentions musicales.

Vous avez deux univers à priori bien différents, comment fonctionnent-ils ensemble ?

Dans mon travail prosodique, l’idée est de faire passer des idées, dites à l’oral dans un contexte pas du tout porté sur l’émotion et de leur apporter une part poétique et onirique. Je m’appuie sur le texte pour le faire partir en mélodies, en harmonies. Il y a énormément de ponts entre les arts et la science, Aurélien en parle souvent et puis il y a des philosophes comme Deleuze qui ont approfondi le sujet. C’est aussi une proposition qui n’est pas uniquement dans l’astrophysique ou dans la musique, il y a toute une part philosophique et poétique. C’est une proposition qui n’est ni une conférence, ni un concert. On ne sait pas très bien tous les deux ce que ça va être au final et c’est aussi ça qui est intéressant dans le fait de ne pas s’être rencontré avant. On peut profiter de l’instant pour créer quelque chose… d’étrange !

Envisagez-vous une suite à votre collaboration avec Aurélien Barrau ?

À priori, ça devrait être capté. Après, c’est quelqu’un que j’estime beaucoup, ça pourrait être super de pousser la recherche un peu plus loin et de travailler quelque chose. Ça nécessiterait quand même un travail de résidence ou quelque chose d’un peu plus pointu. On verra déjà comment se passe la rencontre mais c’est quelque chose qui pourrait donner un truc bien !

Vous êtes un habitué des collaborations pluridisciplinaires ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?

J’aime bien ça. J’ai pas mal travaillé pour le théâtre, avec la compagnie Le Mythe de la Taverne et Baal Novo. Je fais aussi de la musique pour des séries. Avec Ork (duo qu’il forme avec Olivier Maurel ndlr.), on a aussi bossé avec la comédienne Astrid Bayiha pour la lecture d’un texte de Toni Morrison. Je trouve ça super de sortir de sa zone de confort.

Vous pouvez nous parler de votre univers musical…de quoi se nourrit votre musique ?

Je viens du rock à la base. Adolescent, c’est ça qui me faisait vibrer. Ensuite j’ai fait tout un parcours au Conservatoire de Strasbourg, où j’ai étudié le jazz, la musique afrocubaine et l’improvisation. J’ai collaboré avec pas mal de groupes locaux comme Lyre le temps, Ork… Depuis deux ans, mon travail est plus personnel et se concentre autour de la prosodie, la musique des mots. Ce qui m’intéresse c’est de m’inspirer de textes qui me parlent, de construire des phrases musicales, des canevas rythmiques et d’en faire des morceaux.


« Quand les astres résonnent », rencontre entre Aurélien Barrau et Samuel Klein à l’Illiade, mardi 19 avril à 18h.


Par Ludivine Weiss