Musée Historique de Haguenau : visite

Dans cette pièce du musée historique de Haguenau consacrée au siècle des lumières : l'évolution des poids et mesures, l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert... Photo Christoph de Barry
Dans cette pièce consacrée au siècle des lumières : l'évolution des poids et mesures, l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert... ©Christoph de Barry

Cette imposante bâtisse, construite en 1905 par l’ancien maire de la ville, abrite toute l’histoire de Haguenau, de la préhistoire à nos jours. Visite guidée avec Mathilde Humbert, sa jeune conservatrice, qui dévoile les secrets de la dernière salle entièrement rénovée, consacrée au XVIIIe siècle, véritable âge d’or de la ville.

Chaque année, l’équipe du Musée Historique de Haguenau poursuit la rénovation de son parcours de visite. Depuis octobre 2019, c’est la salle consacrée au XVIIIe siècle qui se redécouvre pour mieux comprendre l’époque où la ville était à son apogée. C’est la période de la paix retrouvée et du passage de la ville impériale du Saint-Empire romain germanique à la ville française, partie intégrante de la Province d’Alsace. Grâce aux efforts de reconstruction, son paysage urbain se transforme. Sous l’effet des progrès économiques, techniques et scientifiques, la ville se repeuple. Des nouvelles activités, comme la culture de la garance ou la manufacture de faïence de la famille Hannong créent une nouvelle dynamique. Et comme partout dans le royaume de France et en Europe, la philosophie des Lumières se propage et l’ombre de la Révolution française se dessine. « On a voulu replacer Haguenau dans ce siècle important, en requestionnant les collections présentées au public. Notre but n’était pas d’être encyclopédique, mais d’amener l’histoire par petites touches, avec plus de manipulations, un parcours de visite plus actif et plus actuel. »

Sous l’impulsion de la scénographe Hélène Bootz, on passe de la découverte de la garance, la plante teinture naturelle du « Rouge de Haguenau » qui donnera le rouge des pantalons des Poilus, à l’espace boudoir qui esquisse les tendances mode de l’époque. Les vitrines, conçues par les artisans du service des Bâtiments de la ville de Haguenau apportent lumière, couleur et modernité à ces objets sélectionnés pour leur valeur historique ou leur aptitude à transmettre l’air du temps.

C’est une journée citoyenne et le coup de main de bénévoles, bien décidés à mettre à nu ces murs couverts de moquette murale, qui ont donné le coup d’envoi de la renaissance de cette ancienne salle de conférence, qui a retrouvé sa superbe. Un bel écrin pour la riche collection de faïences Hannong que le public peut redécouvrir grâce à une nouvelle scénographie. Plats, assiettes, pots de pharmacie illustrent la finesse de ces faïences petit et grand feu, blanches à décor floraux bleus et polychrome. Le visiteur s’amuse à percer les secrets de cette fabrication en soulevant de petits volets très didactiques. Plus loin, il découvre l’évolution des poids et mesures et la première publication de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

« Pour les collégiens et les lycéens, c’est une belle façon de réviser son programme d’histoire, avec une touche locale. La visite s’achève avec la Révolution, le clergé dans la tourmente et la Terreur expliquée dans une vidéo qu’on regarde défiler assis sur un décor de guillotine ! » Les Haguenoviens qui ont un peu perdu l’habitude de pousser les lourdes portes de ce musée, depuis qu’il n’est plus bibliothèque, peuvent se réjouir d’avoir un tel fonds historique pour se réapproprier leur histoire. Rien de poussiéreux ici, mais un passé bien vivant et bien mis en valeur, à redécouvrir en famille lors d’un week-end pluvieux.


 

Visite de la salle recemment renovee dediee au 18 eme siecle du Musee Historique de Haguenau, et découverte des bijoux contemporains inspires des faïences de l epoque. Photo : Christoph de Barry
Les bijoux créés par la céramiste Eva Jehlen sont des pièces uniques nées de la découpe d'un motif d'une faïence Hannong. ©Christoph de Barry

DES BIJOUX DE MUSÉ
Parfaitement légitime dans un musée qui expose une importante collection de bijoux anciens, l’idée de créer une collection de bijoux en série limitée, s’est concrétisée cette année. « Ces bijoux souvenirs rendent l’objet patrimonial usuel, ils lient le patrimoine à l’époque actuelle » se réjouit Mathilde Humbert. C’est Eva Jehlen, jeune céramiste alsacienne, qui avait déjà réalisé des animations au Musée, qui signe cette collaboration et qui a réinterprété les motifs floraux des décors des faïences Hannong pour dessiner bagues, boucles d’oreilles, colliers et bijoux de col. Fabriqués en mini-série et en exclusivité pour le musée, ces bijoux en porcelaine sont presque tous uniques. Plus de 21 étapes, toutes réalisées à la main, sont nécessaires pour réaliser ces pièces d’une grande finesse. Pour les décors, bleu de Cobalt et pourpre de Cassius, tels qu’utilisés par les Hannong et noir pour son rendu graphique, chic et intemporel. Un cadeau original, « made in Haguenau », à offrir aux amoureuses de leur ville.