Toujours vivants

Immortels : collectionner la mort, 1850-1950. La Trézorerie, nouveau lieu dédié à la valorisation de collections privées, présente celle d’Hervé Bohnert, artiste strasbourgeois. L’exposition composée de photographies et de reliques post mortem est visible jusqu’au 2 octobre à Strasbourg.

Immortels - Hervé Bohnert / La Trésorerie
L’exposition composée de photographies et de reliques post mortem est visible jusqu’au 2 octobre à Strasbourg. © Nicolas Feig

L’éveil d’un repos éternel. “Immortels : collectionner la mort, 1850-1950” une exposition proposée par La Trézorerie. Jusqu’au 2 octobre, des photographies et des reliques mortuaires sont affichées dans ce nouveau lieu à Strasbourg. « Une immersion indiscrète dans le royaume des morts », explique la galerie dans son dossier de presse. L’exposition se divise en deux parties. Une grande pièce éclairée présente des albums photos et des objets post mortem tels que des cadres de cheveux tressés et des annonces de décès.
Derrière un grand rideau noir, se cache une deuxième pièce, sombre cette fois-ci. Salle où l’on découvre grâce à des lampes torches des masques mortuaires et des daguerréotypes. L’un des premiers procédés de photographie, qui reflétait l’image sur une surface d’argent pur. Sa spécificité reposait sur le temps de pose pour obtenir un tirage, environ 20-30 minutes. Pas dérangeant pour les cadavres qui servaient de modèles pour ces photos mortuaires. Cette technique datant de 1840-1850 était très populaire pour garder un souvenir d’une personne décédée.

Immortels Hervé Bohnert La Trésorerie
Un masque mortuaire datant des siècles derniers. © Nicolas Feig

Des images que collectionne Hervé Bohnert et qui sont à voir à La Trézorerie. « Lui-même a du mal à expliquer pourquoi », voilà ce que répond Alain Berizzi, créateur de ce lieu atypique situé près du Tribunal, quand on lui demande pourquoi l’artiste strasbourgeois collectionne toutes ces reliques. Hervé Bohnert est un boulanger, pâtissier mais aussi un plasticien et un grand collectionneur.
Depuis une trentaine d’années, il accumule des objets et artefacts post mortem. Il utilise ces reliques comme soutien de son travail d’artiste. Allant des simples photographies de 1850, aux albums de famille, en passant par les masques mortuaires, tout y est. « Il s’interroge sur la vie et la mort, affirme Alain Berizzi. Même si on ne récupère et ne garde pas tout, on sauvegarde la mémoire de pas mal d’objets. Ça donne aussi une idée de la taille du monde dans lequel on vit ». On perçoit aussi cette idée de conserver le passé et la mort dans le titre de l’exposition : Immortels. La mémoire des personnes décédées et photographiées reste, comme si elle leur offrait un repos éternel.
Récupérés dans des brocantes et vide-greniers, certains objets ont été sauvés de la déchèterie. La galerie veut aussi « faire apprendre de nouvelles choses aux visiteurs » à travers cette exposition. Connaître le monde d’avant et ses coutumes ou savoir comment les photographes représentaient la mort il y un ou deux siècles.


Immortels : collectionner la mort, 1850-1950, jusqu’au 2 octobre à La Trézorerie, 35 rue du Fossé des Treize à Strasbourg.


Par Nicolas Feig
Photos Nicolas Feig