Dernier Soleil, moins belle la vie

Le film d’Étienne Constantinesco au casting 100% strasbourgeois, Dernier Soleil, sort sur les plateformes ce jeudi 24 juin. Tourné avec des acteurs non-professionnels, sans autorisation et grâce à un financement participatif, ce thriller découle d’une entreprise périlleuse à l’issue heureuse.

Affiche Dernier soleil
Dernier soleil est disponible dès ce jeudi 24 juin sur de nombreuses plateformes dont Amazon Prime, Orange VOD et Canal VOD.

« C’est l’histoire d’Éric, un mec un peu paumé, un peu dans la fuite. Il a un petit garçon d’une dizaine d’années dont il a beaucoup de mal à s’occuper et qui est sous la tutelle de son oncle. Un jour, l’oncle s’absente et Éric doit garder son fils mais il est négligent et l’enfant est kidnappé. Bouleversé par cet enlèvement, il va décider de tout tenter pour réunir lui-même la rançon et le sauver », explique Étienne Constantinesco. Ce thriller a été tourné en 2018 dans différents lieux de la capitale alsacienne : dans le quartier de l’Elsau, place d’Austerlitz, où on reconnaît furtivement le bar du Fat Black Pussycat, dans le Parc de l’Orangerie ainsi que dans la vallée de la Bruche. 

« Mon but, ce n’était pas de filmer Strasbourg », affirme pourtant le réalisateur qui a tourné sans autorisation. « Quand on est une équipe aussi petite, on n’en a pas besoin. Surtout qu’on n’a pas vraiment été dans des endroits très fréquentés. Au contraire, on a tourné dans des lieux très isolés », précise le cinéaste au sujet de son deuxième film après Coline (les amis de mes amis), sorti en 2009.

Tourné à la manière d’un court-métrage « sans moyens et sans être produit » avant d’être accompagné par la société Pleine Image, la distribution de Dernier soleil est composée de l’entourage du réalisateur, mais également de personnes trouvées de manière « un peu sauvage ». Il annonce : « C’est quelque chose que j’ai toujours aimé développer, ce rapport avec des vraies personnes, des gens qui n’ont pas de méthodologie de comédiens. Le réel est une source d’inspiration ». Certains puisent dans leur propre expérience pour jouer, d’autres sont simplement conscients des « codes » de la vie dans le quartier de l’Elsau. « Très souvent, ce sont des personnes qui sont, d’une certaine manière, des personnages », éclaire Constantinesco. Suivant cette logique, le metteur en scène fait apparaître dans son film des profils  « qui ont eu des problèmes de drogue et qui en ont toujours », et ils se prêtent au jeu, jouant presque leur propre rôle.

Etienne Constantinesco
Étienne Constantinesco signe son deuxième film après Coline (les amis de mes amis), sorti en 2009.

Grâce à un scénario, dont les dialogues étaient généralement improvisés, la caméra recueille une performance « brute et spontanée » rendant le travail du metteur en scène plus conséquent. « Je sais comment faire pour provoquer une scène sans pour autant mettre des mots dans la bouche des acteurs. Je peux m’appuyer sur ma mise en scène. Si quelque chose ne va pas, je sais que j’ai une image pour pallier à ce problème. Après, cela ne devient plus que du montage », poursuit-il. Se plaçant aux antipodes du « star system », le cinéaste souhaite créer une émotion qui ne repose pas sur un jeu millimétré, mais sur une précision de sa mise en scène. Un véritable exercice !

Un dernier challenge s’est ajouté en post-production : celui du financement participatif. « C’est quelque chose qui me faisait vraiment peur, parce qu’on se met dans une situation particulière quand on demande de l’argent aux autres, mais je voulais essayer. Et je voulais faire ça bien ! », raconte Étienne Constantinesco. Le crowdfunding s’est avéré difficile à mettre en place : les investissements sont plus rares pour la fiction, encore davantage quand le casting est totalement inconnu du grand public. Pourtant, les Strasbourgeois ont répondu à l’appel. « C’est un outil de communication. On fédère une communauté autour du film et je pense que c’est réussi. Les gens sont les meilleurs ambassadeurs du projet ». 

Les participants pourront voir le résultat dès ce jeudi 24 juin sur de nombreuses plateformes dont Amazon Prime, Orange VOD et Canal VOD. Une jolie conclusion pour ce projet périlleux sur le papier.

Par Emma Guckert-Donati