Freez & Hermetic Delight
Le duel

Freez sort Frame, un EP couleur « hip-hop cosmique ». Hermetic Delight vient de terminer l’enregistrement d’un premier album fidèle à leur rock « bipolaire » à venir en 2019. Qui choisirez-vous ?

De gauche à droite : Octave (trompette), Eli (chant), Arthur (batterie), Quentin (clavier)

Freez

Les débuts
Octave et Arthur se rencontrent au Conservatoire de Strasbourg. Eli, Américain exilé à Strasbourg, officiant alors au micro du groupe Art District, croise leur chemin. Une admiration mutuelle les pousse à « faire des choses ensemble ». Quentin, le Parisien, les rejoint plus tard.

Le nom
« Il induit l’arrêt sur images, ça parle aussi du sampling, pratiqué dans le hip-hop : on fait voyager le temps en l’arrêtant dans notre musique. »

Des moments déterminants
Arthur : « Quand Eli m’a cassé la cheville, quand docteur Moritz (Octave) s’est transformé en Daddy Moritz, quand Quentin a eu un problème de plomberie nasale en plein concert. »
Eli : « Octobre 2017 : les concerts aux Trois Baudets, à la Gaité Lyrique à Paris et l’annonce de notre sélection au FAIR, fonds d’aide à l’émergence, notre marraine étant Emily Loizeau [ils sont lauréats 2018, ndlr]. Et le 2 novembre prochain sera déterminant : la sortie de l’EP, Frame. »

Le hip-hop cosmique, c’est…
« Ancrer un son venu d’ailleurs sur une tradition hip-hop. Un mélange d’une section très rythmique, portée par la voix et la batterie, et d’un côté solaire, astral apporté par la trompette et le synthé. Le tout augmenté par des situations improvisées en live qui nous viennent d’un héritage jazz. »

Hermetic Delight, c’est ?
Eli :
 « Je suis assez impressionné par leur implication dans le label October Tone, et puis c’est un groupe qui dure ! J’aime ces sons un peu dark qui, finalement, une atmosphère ressemble à ce qu’on fait. »

Le microcosme musical à Strasbourg
« On aimerait qu’il y ait plus de clubs où jouer, finalement, à Strasbourg on a très vite fait le tour. Passés un certain cap, les groupes d’ici ne jouent plus ici. Ce qui est génial, c’est que la scène musicale strasbourgeoise est très éclectique et qualitative. »

Frame, le nouvel EP
« On a mis 3 ans à décider du contenu et de sa forme, l’aboutissement d’un temps d’expérimentations nécessaires pour arriver à ce son qui a quelque chose d’assez surréaliste, presque fantastique. Emily Loizeau, notre marraine du FAIR, chante sur Look Around, elle s’est montrée très ouverte à la collaboration. Et Mike Ladd, un rappeur qui participe à pas mal de projets jazz, a adoré Flamin’ Goes… à tel point qu’il nous a proposé 2 versions de son couplet… »

Freez dans 10 ans
« On pourrait être le premier groupe à jouer sur mars, et puis après, on splitte. »

Le mot de la fin
Arthur : « Yaourt. »
Octave : « To beat or not to beat. »
Quentin : « Venez le 8 novembre ! »
Eli : « Keep ticking, l’idée de continuer à avancer, à vivre, à fonctionner, à rythmer. »

Bonus ++
Emily Loizeau : « Freez a été pour moi une vraie découverte jubilatoire. J’aime le slam quand il flirte avec la poésie : dense, habitée. Comme Lou Reed, “j’aime les accents de New York”, et là… je suis servie ! Last but not least, la musique : une finesse mêlée à un côté sauvage qui parle au corps comme au cerveau. Il y a à la fois une grande recherche et une grande simplicité. Leur musique est organique et réfléchie… une énergie ultra inspirante. Je n’avais pas ressenti cela depuis Saul Williams et ça fait du bien. »


Frame, sortie le 02.11
Concert le 06.11 à L’Autre Canal, à Nancy
Release Party le 08.11 à La Laiterie, à Strasbourg
www.freeztheband.com


 

De droite à gauche : Delphine (batterie), Zey (chant), Atef (guitare) Mais aussi Bob, membre volant du groupe, à la basse

Hermetic Delight

Les débuts
« On pratiquait depuis peu nos instruments respectifs et c’est l’envie de jouer ensemble qui a créé la rencontre. Zey nous a rejoints après avoir rencontré Atef. »

Le nom
Atef : « Pour la combinaison que forment un mot qui croustille et un mot qui fond dans les oreilles, comme la bipolarité de notre musique. Mais au niveau sens, Hermetic est une référence à l’alchimie et Delight, c’est pour l’hédonisme, ce qui donne : vivre au jour le jour pour l’éternité. Tout un agenda. »

Des moments déterminants
Zey : « Le moment où nos dynamiques ont évolué depuis que nous continuons sur scène, à quatre. »
Delphine : « Notre rencontre avec Anna Calvi, l’entente qui en résulte nous est chère. »
Atef : « Et aussi, notre travail de production sur l’album à venir avec Charles Rowell, du groupe Crocodiles, il a beaucoup contribué à la richesse des textures de l’album qu’on est en train d’enregistrer. »

Le rock c’est…
« Pissing in a river, watching it rise [Patti Smith, ndlr]. Le génie populaire, le génie de la simplicité. Décadence et lucidité. »

Freez, c’est ?
Delphine :
 « Très sympas les mecs, et bon job. Avec humilité et ça en jette ! »
Atef : « La personne que je connais le plus, c’est Eli. Et ce que je sais de lui, c’est qu’il est aussi généreux que talentueux. Il sait s’entourer. J’ai foi en ce groupe dont je ne connais que leur réputation et leurs vidéos sur Internet, en tout cas pour l’instant. »

Le microcosme musical à Strasbourg
Delphine : « J’ai la sensation qu’il n’y a pas assez d’endroits pour que les artistes puissent s’exprimer. »
Zey : « J’espère qu’il y aura plus de salles disponibles pour organiser des concerts de musiques alternatives et de jazz. »
Atef : « C’est le microcosme musical français qui doit changer. Il ne s’intéresse qu’à ce qu’il connaît déjà. J’ai l’impression qu’il ne manque pas de propositions artistiques fortes à Strasbourg, et qu’on a des acteurs et des salles qui font de la résistance. Le problème, c’est qu’on n’en est pas assez fiers et conscients, on serait même capables de penser qu’il faudrait s’inspirer du modèle parisien… »

L’album à venir
« Pendant l’enregistrement de notre dernier disque, nous étions dans l’introspection la plus totale, nous avions même enregistré dans l’obscurité… Là, il s’agit plutôt de faire partie de ce monde, d’en être témoin, de faire une espèce de coming-out en embrassant la lumière et la pop culture. Cet album nous amène vers de nouveaux territoires en termes d’écriture et de son, quelque part entre la musique live et le studio. »

Hermetic Delight dans 10 ans
Atef : « Je ne sais pas du tout, c’est peut-être d’ailleurs en n’en ayant pas conscience qu’on laisse des traces. Chaque disque que nous sortons nous survivra, et ça, c’est pour l’éternité ! »
Delphine :
« Peut-être qu’on élèvera des ragondins avec Freez ? »

Le mot de la fin
Delphine : « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. » Albert Camus
Zey : « Allez voir des concerts ! Même lorsqu’il pleut ! »


Concerts le 25.10 au Molodoï, à Strasbourg dans le cadre des October Tone (leur label) Parties du 25 au 27.10 avec Marietta, Partout Partout, Pauwels, Amor Blitz… + d’infos par ici.
Le 16.10 à Paris et le 21.10 à Cologne
www.octobertone.com
hermeticdelight.bandcamp.com


Par Cécile Becker
Photos Christophe Urbain