Clara Luciani, la femme

Après avoir fait partie des rangs de La Femme, Clara Luciani s’est essayée au format solo avec le titre Pleure, Clara pleure pour finalement sortir Sainte-Victoire, un premier album qui porte autant le combat que ses influences musicales.

Clara Luciani à Strasbourg

De passage dans le cité ducale, rendez-vous est pris avec celle qui a signé l’album pop que tout le monde fredonne : Sainte-Victoire, hommage à la région d’origine de Clara Luciani, la Provence. Si souvent inspirante dans l’œuvre de Paul Cézanne, elle est aujourd’hui portée en chansons par la jeune autrice compositrice. Il n’est ici pas question de paysages vallonnés mais de bataille gagnée au nom d’un amour déchu, celle de la vie, triomphante, se montrant ainsi « victorieuse, quelle que soit l’issue », phrase venant clôturer cet opus à la fois intime et puissant.

Alors que les NJP vivent leurs derniers émois, Clara Luciani patiente dans les loges. Ce soir, c’est elle qui ouvre le bal. Dans 30 minutes. Recroquevillée sur le canapé, trousse de maquillage en main, l’artiste s’excuse de devoir se farder tout en honorant notre rendez-vous : « Il faut que je ressemble à quelque chose », s’excuse t-elle. Sait-elle seulement qu’aucun artifice ne semble nécessaire ? L’allure est sublime, même en coulisses. De sa frange épaisse et structurée, à ses compositions, ses influences 70’s – Nico et Françoise Hardy en tête – exhalent : « Je n’ai jamais voulu que ma musique soit un pastiche ! J’avais envie qu’on entende un disque de 2018, en cela l’intervention de Yuksek a été précieuse, commente-elle. J’aime les chanteuses qui ne s’écoutent pas chanter, qui ont des voix comme des flèches, sincères dans leur interprétation. Il y a quelque chose de l’ordre de la nudité qui me touche dans ces voix-là. Des cris. De l’instinctif. »

La sienne, grave et capiteuse, a été repérée par le groupe La Femme alors qu’elle a 19 ans : « Ils ont été les premiers à trouver ma voix intéressante. » Devenue depuis une signature, qu’elle accorde divinement à sa guitare, elle captive autant pour ses propres textes que pour ses reprises pop, faisant oublier les versions originales de Lana Del Rey ou Metronomy : « L’exercice est difficile. Une bonne reprise doit respecter la chanson d’origine et la personnalité du nouvel interprète. Bowie reprenant Brel avec The Port of Amsterdam est pour moi la reprise parfaite, parce qu’elle est dans une autre langue. Ce qui est fou, c’est que c’est par Bowie que j’ai découvert l’univers de Jacques Brel. »

Sur scène, son univers se révèle enfin. Sa voix exulte. On est conquis.


Propos recueillis le 16 octobre à l’occasion de Nancy Jazz Pulsations

Par Caroline Lévy
Photo Arno Paul