À la Vitrine Chicmedias, le temps des fêtes, les rayonnages flambants neufs (made by Grinta Studio) accueillent en majorité des livres et des disques, en plus des cosmétiques et objets dont nous avons déjà parlés ici. Le tout évidemment sourcé en circuit court. Qu’est-ce qu’on lit ? Qu’est-ce qu’on écoute ? Et qu’est-ce qu’on offre ? Suivez le guide.
L’histoire d’amour entre Zut, chicmedias et les Éditions 2024 a débuté il y a de ça quelques années (c’est ça l’amour, quand c’est fort, on n’a même plus besoin de compter) avec la publication d’un article revenant sur l’histoire de la maison d’édition de bande dessinées et romans graphique. À l’époque, Simon Liberman et Olivier Bron n’étaient encore que deux, bien sûr entourés d’un pool d’autrices et d’auteurs, et n’arrivaient pas encore à se dégager une rémunération. Déjà, le souci qu’ils portaient à la fabrication de leurs ouvrages nous avait marqué, souci qui ne s’est jamais démenti et a fait la réputation de la maison ; sans parler des récits et illustrations qui inondent les ouvrages qui sortent des poncifs du genre. À la Vitrine, on trouve une sélection de leur riche catalogue et notamment les nouveautés ; le brillantissime Discours de la panthère de Jérémie Moreau (repéré par Arte et même Le Figaro, c’est dire) et Le Département des théories fumeuses de Tom Gauld, recueil de strips hilarants et non dénués de cynisme, comme ses précédents que l’on propose également à la vente (nos best-sellers !)
Pour les mômes : la série des Tulipe de Sophie Guerrive / Des animaux philosophes qui découvrent le monde, tout en douceur et absurdité.
Pour celles et ceux qui aiment les très beaux dessins avec du nu dedans : Otto ou l’île au miroir d’Anne-Margot Ramstein, dont on ne se lasse pas. Vertigineux, mystique, des jeux de miroir saisissants.
Pour celles et ceux qui aiment bien rigoler : Boule de feu d’Anouk Ricard et Étienne Chaize / On a ri à gorge déployée en suivant cette aventure tirée par les cheveux et blindée de détails plus fous les uns et que les autres. L’association des deux univers graphiques est hallucinée et hallucinante et envoie valdinguer un bon nombre de codes de la bande dessinée. C’est rafraîchissant. (C.B.)
Ah si tu n’existais pas Central Vapeur… Cette association qui discrètement et humblement porte (à bout de bras…) le monde de l’illustration et de l’édition alternative fait clairement battre notre cœur et notamment lorsqu’elle peut (oui, Covid, tout ça…) organiser son festival : expos, salon des indépendants, rencontres, réflexion, son inimitable battlestar de dessins… Si Strasbourg dispose d’un outil formidable qu’est la HEAR et de sa section Illustration, Central Vapeur anime le milieu en proposant des concours, des événements, des expos, des bingo, des rencontres et dialogues illustrateurs et illustratrices, (d’)ici ou (d’)ailleurs mais aussi un certain nombre de publications et d’œuvres, dont certaines sont proposées à la Vitrine. Acheter leurs produits c’est donc directement soutenir un milieu exsangue (aujourd’hui comme hier d’ailleurs).
Pour celles et ceux qui aiment les jolies choses et jolis dessins : on retrouve les catalogues des derniers Dialogues de dessins : une rencontre entre deux illustratrices ou illustrateurs qui répondent chacun·e aux propositions graphiques de l’autre. Une sorte de cadavre exquis, mais vraiment exquis pour le coup, notamment la rencontre entre Blutch et Anne-Margot Ramstein (co-édité avec les éditions 2024) et entre Marcus Oakley, Roxane Lumeret et Zad Kokar. (C.B.)
Philippe Schweyer, c’est un peu notre grand manitou à tous. Éditeur, rédacteur en chef de la revue Novo (que nous co-éditons avec lui), label, couteau-suisse… il ne peut pas s’empêcher d’éditer « un truc » dès qu’il y voit le « truc » en plus justement, quelque chose qui touche à l’intime ou à la sensibilité. À la Vitrine, nos rayons débordent de ses ouvrages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, si ce n’est qu’ils dégagent tous la passion, quelle qu’elle soit.
Pour celles et ceux qui kiffent grave la cuisine : Déjeuner chez Jojo de l’inimitable Johanna Kaufmann qui, depuis la sortie enchaîne la presse. Pourquoi ? Parce que c’est fait avec le cœur (et beaucoup de goût), et que Jojo défend une cuisine de la bricole.
Pour celles et ceux qui ont le courage des oiseaux : Fleurs plantées par Philippe de Dominique Ané (Dominique A). Il rend ici hommage – rempli de souvenirs et de rendez-vous manqués – à Philippe Pascal (Marquis de Sade). (C.B.)
C’est notre magazine strasbourgeois favori : parce qu’au fil des numéros, il creuse une thématique jusqu’au bout et dans tous les sens que ce soit scientifique, anthropologique, par l’image, la mode ou même la cuisine. C’est toujours beau, bien fait, bien pensé… Le dernier ? Sur les fantômes, mais nous avons bien sûr toute la collection. (C.B.)
C’est l’une des nouveautés de ce Noël 2020 : les magnifiques ouvrages des éditions Astrid Franchet s’invitent dans la bibliothèque de la Vitrine. Presque une évidence pour cette éditrice indépendante basée à Schiltigheim dont le catalogue est orienté vers la magie des mots et des images.
Pour les amatrices et les amateurs de beaux livres : Les métiers d’art de Simon Woolf concentre quatre ans de rencontres avec 28 artisans d’art strasbourgeois. Une découverte en images de 19 métiers au travers de leurs savoir-faire parfois ancestraux mais qui continuent de se transmettre. Du vent dans les pinceaux de Christian Heinrich regorge, sur plus de 300 pages, des carnets de voyage qui ont inspiré l’auteur de la série à succès des P’tites Poules.
Pour les enfants : impossible de ne pas se laisser transporter par les histoires d’Antje Damm. La Visite, salué dans le monde entier, et En attendant Goliath, dernier ouvrage de l’autrice-illustratrice allemande, raviront dès 4 ans. De même que Zoé et l’éléphanteau de Marion Lépineux et Hélène Lacquement. (F.V.)
Philippe Schweyer bis ou plutôt la face B de notre grand manitou à nous tous (cf. Médiapop éditions). Outre son activisme éditorial, il sort également des disques, essentiellement en vinyles, avec son label Médiapop Records, qu’on écoute en boucle à la Vitrine.
Pour celles et ceux qui préfèrent le sapin sans les boules : Water is Wet de Theo Hakola est le huitième album solo de l’ancien chanteur d’Orchestre Rouge et de Passion Fodder. Télérama a salué au travers de cet opus, sorti au début de l’année 2020, « le retour du Baudelaire du rock », dandy de grand chemin à la beauté obscure.
Pour celles et ceux qui aiment sortir du bois : Untried ways de Solaris Great Confusion. Pour ce deuxième album aux effluves folk, Stephan Nieser s’est entouré d’Elise Humbert au violoncelle, Yves Béraud à l’accordéon, Aurel Troesch aux guitares, Jérôme Spieldenner à la batterie, Foes Von Ameisedorf à la basse et Jacques Speyser aux chœurs. L’Alsacien poursuit sa route, ou plutôt son chemin de traverse pavé de mélancolie, après avoir fait ses gammes au sein de Buggy, Original Folks et du Herzfeld Orchestra.
Gloire à la maison-mère ! Chicmedias édite non seulement les magazines et les hors-séries estampillés Zut mais aussi des livres, de manière spontanée au gré des rencontres, comme autant d’histoires qu’on a envie de partager. Ils sont évidemment en bonne place à la Vitrine.
Pour celles et ceux qui aiment les disques et les livres sans forcément avoir de platine vinyle : Notre dernière parution dans la collection Mes disques à moi : 45 tours de confinement de Bertrand Loutte. Cet ancien critique cinéma aux Inrocks, aujourd’hui journaliste pour Arte, avait repris la plume durant le première vague de la pandémie de Covid-19. Signant des chroniques quotidiennes pour le compte du site Section26 en lien avec la situation en piochant dans son impeccable discothèque. La playlist complète figure dans cet ouvrage qui mixe l’érudition à l’intime sans occulter une bonne part de drôlerie. Le tout illustré de photos de ses disques mis en situation tout en respectant le périmètre autorisé.
Pour celles et ceux qui ont le Racing comme racine : On a, à peu près tous dans un entourage relativement proche, un papy, un kid ou une cousine qui ne pense qu’à cela du réveil jusqu’à l’extinction des feux : le Racing Club de Strasbourg ! Plus que jamais, le hors-série Zut de 436 pages Un seul amour et pour toujours, avec ses 11 couvertures différentes et consacré à 40 ans de passion autour du club bleu et blanc, représente pour le coup une occasion à ne pas rater !
La Vitrine Chicmedias
14, rue Sainte-Hélène à Strasbourg
Horaires d’ouverture : du lundi au samedi de 12h à 19h et le dimanche de 14h à 18h
Par Fabrice Voné et Cécile Becker
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