Seize ans après Je veux te voir, vous chantez Je veux un chien. Yelle toujours libre et assumée. Le regard du public a-t-il changé avec les années ?
Julie : Le regard que les gens portent sur les artistes féminines a changé. Quand j’ai commencé, je me suis retrouvée plusieurs fois dans des situations pas très agréables, dans des interviews où on me jugeait beaucoup sur le fait que je sois trop crue, que je parle de sexe, que j’ai une parole libérée. Aujourd’hui, je ne dis pas que c’est gagné, mais c’est plus facile pour les filles de dire ce qu’elles ont envie de dire dans leurs chansons. De pouvoir parler de désir, de sexualité, de plein de choses, sans être forcément jugées. Tout simplement parce que la place des femmes est un peu plus grande dans la société. Pas encore assez, mais on y vient.
Si vous pouviez organiser votre propre festival, ce serait où et avec quelle programmation ?
Julie : C’est rigolo car on l’a un peu fait. On nous a offert une carte blanche dans le festival Art Rock à Saint-Brieuc. Le temps d’une journée, on a programmé Yseult, Louisahhh, Moussa, Prudence, Moonshine…, proposé des expositions avec deux amis et une espèce de performance au skatepark. C’était un peu expérimental.
Jean-François : C’est un festival qui nous correspond bien. On a joué dans beaucoup de festivals un peu partout dans le monde, dont Coachella qui fait rêver beaucoup de gens. C’est cool parce que t’es dans le désert, qu’il y a des palmiers, mais en réalité c’est une souffrance, il fait 40 degrés et il y a plein de poussière, rien n’est agréable plus d’une demie-heure (rires). Je me suis souvent dit que le festival à Saint Brieuc était le meilleur de tous ceux qu’on ai fait, parce qu’il est à taille humaine. C’est à mi-chemin entre les Transmusicales de Rennes et les Vieilles Charrues et c’est assez intéressant qu’il ait lieu dans la ville, ça le rend mignon.
Vous avez déjà joué plusieurs fois à la Laiterie, quel est votre rapport à cette salle et à Strasbourg ?
Julie : J’ai souvenir d’avoir fait 2h de dédicaces dans le hall. Il y avait une file de gens immense, c’était assez fou. J’ai passé quelques temps à Strasbourg, parce qu’il y a quelques années, j’avais joué dans une série qui était tournée ici. J’ai aussi lié une amitié avec une fan d’ici, je suis contente de la voir lorsque je reviens. C’est une ville dans laquelle on aime venir.
Propos recueillis dans le cadre du concert de Yelle sur la scène de la Laiterie le 1er octobre.
Par Emma Schneider
Photos Grégory Massat