Berlin mon garçon
de Marie NDiaye

© Jean-Louis Fernandez

Si le grand public la connaît surtout en tant que romancière, notamment grâce à Trois femmes puissantes (Gallimard, prix Goncourt 2009), Marie NDiaye écrit également du théâtre depuis plus de vingt ans – elle fut d’ailleurs lauréate du Prix du Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre il y a tout juste dix ans. Et c’est à la demande de Stanislas Nordey, emblématique directeur du TNS, que l’autrice a imaginé l’histoire de Marina, mère de famille partie seule à Berlin à la recherche de son fils, disparu sans laisser de traces dans la capitale allemande. Le mari, lui, est resté se morfondre dans sa librairie de Chinon, comme le symbole d’une petite bourgeoisie provinciale sous le joug d’une mère manipulatrice. Se met alors en place un va-et-vient continu entre deux pays, deux pensées, deux âmes perdues, et l’enquête, protéiforme, n’a pas fini de bousculer son monde. Car Berlin mon garçon cache son jeu comme la ville ses secrets. Peu à peu, l’intrigue prend des allures de conte de frayeurs à la frères Grimm, et l’aventure romanesque se change en portrait inquiétant d’un monde en crise généralisée… Le tout souligné par une mise en scène ultra stylisée et des décors soigneusement minimalistes. Une histoire de filiation, d’amour, de haine, portée par une écriture ciselée au scalpel, et où les tabous se brisent comme autant de miroirs sans tain.


Berlin mon garçon,  du 09 au 19 novembre au Théâtre national de Strasbourg
tns.fr


Par Aurélie Vautrin