Parler du monde

31e édition déjà pour Momix, festival de référence à destination du jeune public. Et forcément, son directeur, Philippe Schlienger, continuer de s’interroger sur la façon de s’adresser aux plus jeunes, qui ne sont plus les mêmes qu’hier.

Spectacle Spoon Spoon, compagnie De Dansers © Bart Grietens

C’est la 31e édition de Momix : quels sont les enjeux de ce travail sur la durée ?
Il est nécessaire d’accepter de se remettre en question. J’aime l’idée que dans le renouvellement, il y a beaucoup d’inventivité. Ces dernières décennies, nous avons assisté à l’émergence des outils numériques. La société évolue, et tous les domaines des arts de la scène avec. Cela nous impose d’être toujours à l’affût d’artistes qui apportent de nouvelles manières de parler de notre monde.

Trois décennies, qu’est-ce cela signifie en termes de transmission ?
Avec le temps, nous avons constaté que les enfants d’il y a une trentaine d’années, nourris par l’imaginaire du festival, et eux-mêmes devenus parents, viennent désormais avec leurs enfants. Depuis quelques années, nous nous intéressons beaucoup à l’adolescence, une période très sensorielle. Je pense que l’art peut être un bon moyen d’aider les jeunes à traverser des questionnements et sentiments qui leur sont propres. Notre objectif est de parler de sujets de société. Et on voit comme les questions portant sur le numérique, le harcèlement, les identités, sont des sujets importants, plus encore à ces âges.

Dans le spectacle vivant, le numérique est à la fois un sujet et permet de nouvelles formes ?
Sans aucun doute. Les codes des plus jeunes vont très vite. De ce fait, comment les générations plus anciennes vont-elles se raccrocher à eux ?

Cette année, la compagnie Ex Voto à la lune va proposer un projet de création à partir d’ateliers avec des collégiens. Ils vont pouvoir inventer des personnages à travers d’applications comme Tik Tok et Instagram. C’est une immersion à travers laquelle les jeunes pourront nourrir l’aventure.

On pourrait presque parler d’expérimentation…
Complètement. C’est une nouvelle façon de concevoir la rencontre artistique : expérimenter des choses ensemble, avec les artistes. C’est à cet endroit que va se jouer l’évolution du lien entre les pratiques des jeunes et celles des artistes. C’est un territoire très excitant pour l’art. Ces outils permettent de revendiquer des choses, même s’ils peuvent aussi être mortifères. Il faut tenter de tirer du bon côté.


Festival Momix
du 27 janvier au 6 février 2022 au CRÉA Kingersheim (68)


Par Lucie Chevron 
Photo Bart Grietens