En dehors du parcours de création, est-ce que ce « On va y arriver » est aussi un sujet ? Ou un motif ?
C’est un motif plus qu’un sujet. Dans un groupe d’individus, quand tous s’arrêtent, il y en a toujours un qui continue. Les bruits des arbres qui tombent, ils sont quatre à danser, à faire toujours le même pas, de plus en plus intensément. Au bout d’un moment, ils finissent par s’arrêter, mais il y en a un qui continue. Cela est aussi une manière d’exprimer des choses au-delà des mots. On peut exprimer beaucoup par la chute, le saut, la persévérance.
Il est très souvent question d’être ensemble, de solitude, d’essayer de construire un espace où on peut tenter d’être ensemble. Est-ce cela, pour vous, le théâtre ?
Oui, et le confinement m’a fait beaucoup souffrir. Le fait de quitter cet « être ensemble », c’est quelque chose quand on commence à construire un spectacle. Être ensemble physiquement est très important pour moi, j’ai besoin que les gens se touchent, dans la compagnie il y a toujours beaucoup d’accolades. On parle beaucoup de ce que c’est qu’être ensemble, de prendre soin les uns les autres, d’écouter les blessures, les tristesses des gens.
On a l’impression que votre manière de travailler et ce qui se passe sur le plateau s’inscrivent dans un seul et même mouvement.
On ne fait pas semblant ! On parle beaucoup de ce qui se passe au plateau, entre nous. Ce ne sont pas des choses plaquées le temps d’un spectacle, c’est une sorte de vague qui circule en permanence. C’est pour ça que j’ai choisi ces artistes : nous sommes tous animés par un rapport simple aux choses et aux gens. À partir de là, on peut raconter toutes sortes d’histoires, de façon intègre, avec ce qu’on est.
Paysage #1 : 10 jours avec Nathalie Béasse, spectacles, rencontres, ateliers, grand entretien, DJ set… du 16 au 26 mars au Maillon à Strasbourg.
Par Sylvia Dubost