Les métiers de l’ombre :
costumière formée à l’École du TNS

Qui ? Diplômée de l’École du Théâtre National de Strasbourg en 2017, Solène Fourt y a rencontré des metteur⋅euse⋅s en scène avec lesquel⋅le⋅s elle continue de travailler. Elle revient cet automne avec le spectacle Chère Chambre de Pauline Haudepin, ancienne camarade de promo.

Solène Fourt est costumière formée à l’École du Théâtre National de Strasbourg. © Klara Beck

Le décor Elle circule entre les répétitions, les achats qu’elle aime faire en friperie et l’atelier costumes, au premier étage, où l’on travaille toute l’année. « Une chance », à l’heure où les théâtres font de plus en plus appel à des sous-traitants.

Vous faites quoi, ici ? Pour cette création du TNS, Solène a pu bénéficier de deux résidences. « J’ai pu prendre des costumes au stock et essayer toute une palette de couleurs et de formes avec les interprètes. On n’a pas toujours ce temps : parfois, je commence à travailler sur photos. Cette rencontre m’importe car le costume est un support à leur interprétation. » Suivent « la phase des dessins » puis celle « des maquettes ». « Après, c’est un dialogue continu avec la metteuse en scène, les interprètes et l’atelier. »

Ce qui l’anime C’est précisément ce travail collectif. «Avec l’atelier, j’entretiens un dialogue très technique : les couturières vont traduire mon dessin, me faire des propositions aussi. N’ayant pas une formation de technicienne, leur regard peut me faire dévier, c’est très intéressant aussi.»

Le moment de stress « Un moment que j’aime beaucoup, à la fois stressant et joyeux, c’est celui des premiers essayages. Le dessin en deux dimensions passe en trois dimensions, on le voit sur un corps en mouvement, c’est assez émouvant. Tout va très vite : il faut décider des retouches, des directions. D’autres essayages suivent mais le premier, c’est un moment un peu… consacré. »

À quoi ressemblerait le spectacle sans elle ? « Pour Chère Chambre, qui implique un vrai travail en costumes [un interprète incarne un personnage transformiste mobilisant « cinq ou six costumes », ndlr], je pense qu’il manquerait une cohérence d’ensemble. Sans personne pour centraliser les informations, c’est une charge qui retomberait sur les interprètes, parce qu’il faut bien qu’ils aient quelque chose sur le dos. Et l’habillement, ce n’est jamais anodin. Le vêtement absorbe tous les changements économiques, sociaux, politiques, culturels… S’habiller, c’est construire son image, mettre en scène son propre corps. C’est très fort. » Et incontournable.


Chère Chambre, jusqu’au 5 décembre au TNS


Par Chloé Moulin
Photos Klara Beck