Beatrix Li-Chin Loos, slow design

Zut explore des vertus de l’upcycling, une nouvelle logique de travail (pas si nouvelle) qui favorise le réemploi de matières premières, en y ajoutant une bonne dose de savoir-faire. Beatrix Li-Chin Loos, designer strasbourgeoise, dit pratiquer un slow design, récupère notamment des chutes de bois ou de cuir pour fabriquer ses objets de décoration, bijoux ou petit mobilier.

Bougeoir et vases de Beatrix Li-Chin Loos fabriqués à partir de chutes de bois © Simon Pagès
Capeline, bougeoir, et Beautiful planets, vases-sculptures de Beatrix Li-Chin Loos. Ces deux objets ont été fabriqués à partir de chutes de bois. Photos : Simon Pagès

La chute qui devient chic, tel est le crédo de Beatrix Li-Chin Loos. Depuis une dizaine d’années, cette designer strasbourgeoise crée des objets de décoration et du petit mobilier avec des chutes. Des chutes de bois généralement français (idéalement régionaux) mais aussi de cuir et de carton qu’elle va glaner chez des artisans locaux, et sur lesquelles elle n’intervient qu’avec des produits écologiques. Soit une démarche hyper aboutie.

Bien avant de se frotter au design, Beatrix a étudié l’architecture mais aussi les sciences sociales et politiques de l’environnement pour ensuite investir le milieu de la mode responsable. Guidée par son respect pour la nature qu’elle voulait défendre plus et plus concrètement, elle a ensuite repris le chemin de l’école – cette fois la prestigieuse École Boulle – pour apprendre à travailler la matière, dont le bois. Et quelle matière, et quel travail ! « Malgré ce cursus, je reste assez autodidacte parce que ce n’est pas du tout une manière classique de travailler le bois. Mes profs ne seraient pas forcément contents de voir croiser le fil du bois comme je le fais. » C’est la signature de Beatrix Li-Chin Loos, un travail graphique basé sur la mise en opposition du grain de bois, soit du sens de ses fibres.

« La récupération demande un vrai travail de recherche. […] Il faut être très volontaire et engagé. »

Une idée elle-même upcyclée, en quelque sorte, puisqu’elle l’a eue en voyant des chutes de chêne enchevêtrées chez un menuisier : « Avec, j’ai fait mon premier vase, dans un travail de composition instinctif. » Depuis, la designer continue de se laisser surprendre par ses trouvailles, des restes et excédants de tourneurs et tanneurs strasbourgeois. Une démarche écologique et créative, qui n’est pas sans son lot de contraintes néanmoins : « Il serait plus simple, et parfois même moins cher, d’acheter en gros la matière neuve… La récupération demande un vrai travail de recherche : il faut trouver le partenaire, s’assurer de la disponibilité de tels ou tels types de chutes sur la durée. Il faut être très volontaire et engagé. »

Engagée, Beatrix l’est à n’en pas douter. Si elle apprécie la notion de valeur supérieure donnée à la matière inutilisée sous-tendue par l’upcycling, elle préfère cependant parler de slow design. Cette philosophie, issue du slow movement, priorise le bien-être des individus, de la société et de l’environnement naturel. « Il s’agit de travailler une collection plutôt que produire sans cesse des nouveautés. Et je trouve que travailler sur des pièces intemporelles, bien réalisées, durables, c’est précieux. »

Dans son atelier de la Robertsau, entre ses vases ronds estampillés Mère nature et ses bougeoirs feuillus de cuir, semblables à des parasols naturels, elle espère néanmoins que la tendance de l’upcycling soit l’arbre qui cache la forêt.


Beatrix Li-Chin Loos, slow design
_ Objets de décoration et petit mobilier
À partir de 60€ pour un bijou en cuir upcyclé
_ En vente chez Ligne Roset et Chiara Colombini


Par Chloé Moulin
Photos Simon Pagès