Iner, la ligne juste

Unir savoir-être et savoir-faire fait sens, aujourd’hui plus que jamais. Iner, jeune label de maroquinerie minimaliste lancé à Strasbourg par deux frères, en a fait le cœur de son ouvrage.

Iner
Iner propose une ligne de sacs d’un luxe émotionnel discret. © Alexis Delon / Preview

Transfuges alsaciens, originaires du Sud-Ouest, Emmanuel et Timothée ont eu cette envie conjointe : créer une ligne de sacs d’un luxe émotionnel discret. Et le faire le mieux possible, qu’importe le temps qu’il faille pour arriver à l’essentiel, du moment que c’est fait avec une économie maximum des moyens, durabilité et noblesse des matériaux. L’aîné, Emmanuel, en charge de la commercialisation, a quitté son travail en Nouvelle-Zélande pour épauler son cadet, installé en Alsace après sa formation à la HEAR en section design.
C’est donc en synergie, au sein de leur appartement/atelier strasbourgeois, qu’ils ont ciselé leur démarche et élaboré un premier prototype au design finement pensé, dicté tout naturellement par les qualités des matériaux qu’ils utilisent : du cuir de veau Nappa Baranil de la tannerie Degermann à Barr et de la pure laine mérinos de Nouvelle-Zélande. « Nous devons redonner à la matière son statut de divinité. » Cette citation de l’architecte viennois Aldolf Loos leur va comme un gant, et fait écho au beau durable qui les obsède : des valeurs fermement affirmées dans tous les débats liés à la crise sanitaire. D’ailleurs, c’est juste quelques jours avant le début du second confinement qu’ils ont lancé leur marque. Qu’importe ! Ils ont profité de cette période en suspend pour affiner les détails et enrichir leur répertoire de nouvelles formes à la simplicité intemporelle, qu’ils dévoileront prochainement. Des sacs aux antipodes des it-bags immédiatement identifiables, sobres et sans fioritures, juste essentiels et destinés à des individus sensibles aux marques confidentielles s’appuyant sur les valeurs artisanes. D’ailleurs Iner, leur nom, exprime d’emblée cette intériorité revendiquée et se prononce comme l’adjectif anglais « inner » (intérieur) : leur griffe est donc apposée à l’intérieur du sac et les chutes de cuir sont utilisées pour garnir les poches internes. Il était d’autant plus cohérent que leur première typologie de sac, Capsule, se porte au dos, au plus près de soi.

C’est à Strasbourg, dans la boutique Ipsae de Catherine Bourion – pythie strasbourgeoise du vestiaire chic et monochrome – que leurs sacs ont trouvé leur premier écrin sur-mesure. Parce que le vrai luxe est aussi de partager des valeurs communes. Et les deux frères, de revendiquer en chœur : « Le plus important, c’est ce que nous avons en nous ».


Disponible chez Ipsae, 35, quai des Bateliers à Strasbourg


Par Myriam Commot-Delon
Photo Alexis Delon / Preview