Damien Deroubaix, tout en metal

Véritable consécration de Damien Deroubaix, artiste lillois (stéphanois de cœur), l’exposition Headbangers Ball – Porteur de Lumière dévoile l’étendue des couches iconographiques deroubiennes. En toile de fond : la passion de la musique metal.

Damien Deroubaix, L'esprit de notre temps
Damien Deroubaix, L'esprit de notre temps, 2015 – © Guy Rebmeister © ADAGP Paris 2019

Majoritairement monumentales, les peintures, gravures, collages et installations réalisées ces dix dernières années côtoient les plus récentes réalisations de l’artiste. Seize ans après sa première exposition au MAMCS (intitulée Total Grind), l’amoureux de Berlin semble s’être apaisé. Dorénavant, les couches se succèdent là où l’urgence d’agir régnait, la lumière et la transparence priment au travers de l’occulte. En Moselle, il a découvert l’art verrier chez les maîtres de Meisenthal et s’est essayé à la gravure sur verre (Homo Bulla, une sculpture en verre délicatement technique à découvrir au MAMCS).

Des œuvres apaisées, certes, mais pas moins brutalement cathartiques. Rien de mieux que la musique metal pour l’exprimer. L’exposition tient d’ailleurs son titre d’une émission de télévision éponyme des années 1980-1990 consacrée à ce genre musical. Mêlant répétition, puissance sonore, radicalité des thèmes et de l’imagerie à une tradition de la ballade (la Power Ballad), le metal se fait l’étendard de l’artiste, qui incorpore des titres iconiques (dont Ace of Spades de Motörhead) aux grands genres de la peinture.

Transdisciplinaire, mais peintre avant tout, Damien Deroubaix explore et se réapproprie, entre autres, les thèmes de la danse macabre du XVe siècle, du nu et de l’autoportrait. La toile se fait champ de bataille apocalyptique au sein duquel entrent en collision tradition(s), mysticisme, pop culture, grindcore et amour de la peinture.

Déclinée en trois lieux, le MAMC+, le MAMCS et la Villa Merkel d’Esslingen, l’exposition Headbangers Ball se voit attribuer des sous-titres différents, Alte Meister à Saint-Étienne, Porteur de Lumière à Strasbourg. Un Lucifer strasbourgeois à aller saluer, au risque de s’attirer ses foudres.

À ne pas manquer dans un couloir étroit, la passerelle entre deux salles diamétralement opposées, sont exposés les formats les plus réduits, des bijoux picturaux à contempler dans la pénombre.


_ Damien Deroubaix, Headbangers Ball, Porteur de Lumière, exposition jusqu’au 25 août 2019 au MAMCS, à Strasbourg


Par Aude Ziegelmeyer