Vous l’incarnez dans le film et dans la vie, mais quelle est votre propre définition de la sororité ?
L.B. : Ce film prouve qu’il n’y a pas de définition de sororité. À la fin, Vali et Mina, les personnages du film, ne vont pas changer et se tenir la main. Elles se sont justes acceptées. Le regard qu’elles se portent signifie qu’il se passera ce qu’il se passera mais qu’il faudra continuer ensemble, s’accepter, s’entendre et se parler.
Finalement, c’est un film sur le dialogue souvent compliqué au sein de la famille ?
G.N. : Souvent, on ne dit pas pour se protéger. C’est ce que fait le père aussi dans le film. Alors que plus on vieillit, plus on angoisse. Si on ne me dit pas, peut-être qu’on me cache quelque chose et que le pire peut arriver à chaque seconde. Et puis il y a aussi la notion de « dire » pour partager. On a le droit de partager et ne pas être d’accord. C’est une famille où il y a de l’amour, mais à un moment les gestes ne suffisent plus.
L.B. : Ces deux sœurs gèrent autrement leurs émotions. Elles ne se connaissaient plus et se rencontrent. Elles se jugeaient beaucoup et ne croyaient plus en leurs liens. Mais tout ça sur fond de comédie et j’adore l’écriture de Géraldine ! Elle a un talent d’écriture fou. Je riais à la lecture du scénario. Elle a le sens des dialogues et travaille beaucoup à l’oreille. On n’a pas boudé notre plaisir ! Après Nous York, on a vécu dix années magnifiques ensemble, comme la naissance de nos enfants. Et puis on est aussi à des âges où on perd des proches. Bizarrement, j’ai eu le sentiment de l’avoir retrouvée ce sur plateau. On se sert à bon escient de notre relation. Parfois les gens proches se flattent trop et peuvent arriver les mains dans les poches. Moi, au contraire, plus j’aime plus j’ai envie de tout donner.
Géraldine, c’est ta toute première réalisation en solo. Comment as-tu géré ?
G.N. : Le cinéma, c’est l’art du collectif. Je travaille main dans la main avec un producteur et suis sur un plateau avec une équipe choisie. Parfois, le matin, pendant le maquillage d’un coup je disais « Nan nan nan, c’est pas ce cadre-là ! ». C’est délicat ! Au bout d’une semaine, je leur ai dit que de me voir pleurer dans une scène ne les obligeait pas à prendre des pincettes avant de me parler d’un point technique ou d’organisation. La préparation de l’écriture et du film m’ont pris quatre ans. J’avais des idées bien précises en tête. Le plus difficile a été de les communiquer.