Sortir un livre et le porter pendant le confinement et la crise sanitaire, comment faire ?
Ben j’ai envie de dire comme si de rien n’était ! De toutes les façons, comme je le disais juste avant, sortir un livre, c’est un truc de déglingos qui est programmé davantage pour le bonheur que pour la gloire. Alors je vais pas me gâcher tout le truc si jamais les ventes ne sont pas au beau fixe. Dans un contexte où les librairies sont non seulement saturées – des milliers de livres sortent tous les mois –, impossible pour un libraire de tous les connaître et encore moins de tous les valoriser. Et quand les librairies sont carrément fermées au public (impossible pour un lecteur de flâner dans les rayons et/ou de tailler une bavette sur un coin de table avec son libraire), imaginer qu’un livre qui sort courant novembre va cartonner quand on n’est pas une tête d’affiche ultra médiatisée, ça tient vraiment du rêve éveillé. Voilà pourquoi depuis plusieurs mois, je m’applique à faire des « relations-presse » et à envoyer des mails dans tous les sens pour chercher à faire connaitre mon livre et mon parcours. Et qu’en parallèle à la distribution classique en librairies, je propose depuis quelques semaines (en collaboration avec mon super éditeur) la possibilité pour un lecteur de commander son ouvrage directement sur le site de Médiapop (avec frais d’envoi offerts et possibilité de dédicace), quitte à me transformer quand il faut en factrice et en livreuse à domicile.
L’alimentation, tendance ou politique ?
Les tendances, c’est pas franchement mon truc, même si j’assume parfaitement avoir claqué un bon gros sourire de contentement en me retrouvant dans la rubrique « buzz food » de Biba… Tant qu’à la politique, je trouve ça plus compliqué que ça en a l’air. Bien sûr que mon caddie (ou ton tote bag en coton bio) est un bulletin de vote, et qu’on a potentiellement le pouvoir de changer la donne tous les jours en privilégiant le valeureux petit producteur local au détriment du gros industriel foireux. Mais dans les faits, quand mon alimentation se trouve conditionnée par un pécule ridicule (80 à 150 € de budget mensuel alimentaire, restos inclus) et par un emploi du temps prenant, j’ai tendance à m’enferrer dans un schéma de consommation plus merdique que reluisant, et je ne crache pas dans ma soupe – qui reste très bonne même quand j’y mets des lentilles en boîte – pour autant. Et puis, pour fabriquer un livre quand t’as pas un radis, moins tu délègues mieux tu te portes ; ce qui fait que t’as pas franchement le temps d’aller toutes les semaines à la fois au supermarché, au marché, à la supérette, à l’épicerie, chez le producteur et au bout du champ.
Votre rapport à l’alimentation a-t-il évolué depuis la crise sanitaire ?
Franchement non. Je me suis toujours essentiellement nourrie de pâtes et de tartines, c’est à peine si je sais cuire un steak, et les poissonniers me connaissent bien moins que le loup blanc.
Qu’est-ce qui est le plus difficile aujourd’hui ?
Ne pas se serrer dans les bras, se toucher, se sourire, s’inviter à rire, à boire et à manger. Quelques mois avant le confinement, j’avais pris l’habitude de faire des énormes buffets-déjeuners à la maison, au cours desquels chacun se servait ce qu’il voulait comme il voulait, et pouvait changer de fauteuil et de voisin de table autant de fois qu’il le désirait. Forcément, ces moments-là, c’est mort de chez mort pour un bon petit bout de temps…