La sélection Zut des expositions qui auront lieu cet été dans la zone transfontalière du Rhin Supérieur
Le musée fête ses 15 ans à travers une exposition conçue avec le Centre Pompidou, qui n’a pas présenté ses collections en écho à celles d’un autre musée depuis 1998. Ensemble est donc une conversation à plusieurs voix entre une centaine d’œuvres, qui se parlent d’art de part et d’autre du Rhin, d’influences, de singularités, et de ce que c’est que de constituer une collection. Avec pas mal de stars – Bonnard, Picasso, Chagall d’un côté, Baselitz, Polke, Richter et Anselm Kiefer de l’autre – et quelques points communs.
L’exposition du ZKM s’est proposé de reprendre le fil de l’histoire là où l’exposition Qu’est-ce que la sculpture moderne (c’était en 1986 au Centre Pompidou à Paris) l’avait laissé. En clair, poursuivre l’histoire de la sculpture, mais cette fois en renversant tous les postulats : la sculpture n’est pas une question de corps, de masse et de volume, elle cherche au contraire à s’en détacher pour chercher la légèreté, l’apesanteur, la transparence. Dans cette volonté de prendre à rebours les vérités admises, on reconnaît bien le ZKM !
Il y a quelque chose d’archaïque dans l’œuvre de Deroubaix. Danses macabres, idoles et totems, chevaliers de l’apocalypse : les figures qui la peuplent proviennent des tréfonds de nos civilisations. Son geste semble importer moins que le contenu, qui paraît vierge de toute référence (Heartfield, Bosch ou Picasso s’invitent pourtant dans ses toiles). Enfin, l’art doit bousculer les hommes et les consciences. Très sombre, sa peinture est profondément politique et renvoie, par son engagement radical et tonitruant, à la musique grindcore à laquelle l’artiste affiche son attachement et dont les pochettes sont peuplées des mêmes figures. De là à dire que Deroubaix est un artiste rock, il n’y a qu’un pas…
À vos boussoles ! Qui n’a jamais rêvé d’atteindre une île volante, comme Laputa version Miyazaki, ou le Bois-d’entre-les-Mondes des Chroniques de Narnia ? Situés dans des espaces hors de portée, donc potentiellement réels, ces territoires inexplorés laissent place aux fantasmes les plus fous. Cap sur la BNU, donc, dont la nouvelle exposition s’intéresse à la place de « l’imaginaire » dans nos représentations géographiques du monde, par un dialogue entre l’histoire, la littérature et l’illustration, du Moyen Âge à nos jours.
Plus de 120 artistes de la région, réunis par le professeur et artiste Germain Roesz. Le Rhin Supérieur a hérité d’un patrimoine culturel d’une grande richesse, qui a favorisé l’émergence d’une scène culturelle contemporaine très active. L’exposition célèbre la diversité de ce paysage artistique et se met en quête de ses talents. Un hommage particulier est rendu à l’œuvre de l’artiste fribourgeois Bert Jäger qui aurait fêté ses 100 ans cette année. Parmi les participants figurent Stefan Strumbel, Patrick Bailly-Maître-Grand, Maren Ruben et Christophe Meyer.
Contrastes, dialogues, structuration et déstructuration ; les œuvres monumentales de Rainer Gross s’inspirent des lieux et de leur histoire pour questionner l’impermanence des choses. Dans la Cour de l’Espace André Malraux, l’artiste, né à Berlin et installé en Belgique, crée une œuvre in situ à partir d’anciennes cuves de fermentation de chou. Sa sculpture monumentale se déploiera dans la cour, qu’elle envahira de ses formes fluides, à la fois graphiques et organiques. Parallèlement à cette installation, des photos grand format de ses autres pièces, souvent réalisées in situ, investissent jusqu’en septembre l’espace d’exposition pour la première partie d’une rétrospective qui se poursuivra en octobre avec ses maquettes et sculptures. Un focus plutôt complet pour un artiste qui s’inscrit dans l’espace de manière à la fois subtile et impressionnante.
La rétrospective consacrée à l’artiste allemande souligne l’évolution de son travail depuis les années 1970, lui-même consacré aux processus de transformations. Quatre thématiques guidant la visite montrent sa recherche de la mise en scène du mouvement de corps humains ou, comme Jean Tinguely, de sculptures cinétiques. Car son œuvre se dévoile majoritairement par le biais de captations photographiques ou filmiques de performances, et d’installations de machines. En regard, l’exposition Théâtre des métamorphoses au Centre Pompidou-Metz s’attarde plus particulièrement sur les thèmes de la créature hybride ou mythologique, l’alchimie et les corps-automates.
L’œuvre de Rudolf Stingel, né en Italie et vivant à New York, présente plusieurs facettes mais semble sonder toujours le moment de l’apparition d’une image. Cette exposition présentera des installations en matériaux divers – polystyrène, métal, surfaces réfléchissantes – qui mettent en évidence l’aléatoire et le délibéré. Ainsi que des toiles mise-en-abyme inscrites dans la mouvance du photoréalisme, sur lesquelles le peintre reproduit donc des photographies, le montrant parfois lui-même au travail.
Une promenade initiatique à contre-courant. En donnant carte blanche à Céleste Boursier-Mougenot, la Fondation François Schneider le laisse s’emparer des lieux pour mieux les détourner. L’artiste y génère des œuvres-partitions qui habitent singulièrement l’espace et se répondent parfois d’un étage à l’autre. Après avoir fait marcher les arbres (Biennale de Venise, 2015) et transformé le Palais de Tokyo en vaste lagune (Aquaalta, 2015), Céleste Boursier-Mougenot prend, une fois encore, la fluidité pour modèle. À Wattwiller, le visiteur chemine au fil d’une succession d’espaces-son, animés par le mouvement perpétuel d’un ruisseau qui s’écoule, coûte que coûte, de haut en bas de la Fondation. Devenu explorateur, il remonte le lit de ce torrent jalonné d’œuvres hybrides, où il foule des pieds une plage d’éclats de verre opalescents, se laisse bercer par un ballet hypnotique de bols de porcelaine, ou se surprend à rêver devant la chorégraphie aléatoire de pianos à queue motorisés…
Par Sylvia Dubost, Antoine Ponza, Ute Dahmen, Julie Friedrichs et Mylène Mistre-Schaal
Michel Cloup a marqué les années 90 hexagonales avec son projet Diabologum, groupe à (re)découvrir absolument pour la portée politique de sa musique. Avec le trio chaud-brûlant Despentes/Dalle/Casey, il ouvre pour Strasbourg Capitale Mondiale du Livre une lecture musicale dédiée aux auteurs·trices féministes. Café. Clope. Magnéto. Entretien avec un artiste qui n’a rien perdu de sa rage adolescente.
Ouverte depuis cinq ans, la galerie Malagacha met en avant des œuvres d’inspiration urbaine en plein cœur historique de Strasbourg. Autodidacte comme les artistes qu’il représente, son fondateur et directeur Damien Seliciato réussit à étendre de plus en plus son rayonnement.
Après presque 18 années passées dans les embruns iodés de Marseille, Émilie Girard quitte le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée et remplace Paul Lang à la direction des Musées de Strasbourg. « Le monde de la conservation n’est pas si conservateur qu’on le pense », affirme-t-elle en se remontant les manches.
L’Orchestre philharmonique de Strasbourg propose d’embarquer pour des Épopées fantastiques les 23 et 24 mai au Palais de la Musique et des Congrès, avec au programme deux grands classiques du xixe siècle.
