Telle une caverne d’Ali Baba, de curieux objets éclectiques se rencontrent. Vodouïsme africain et coutumes occidentales ancestrales méconnues sont mis en parallèle, autant dans le fond que sur la forme. Dans les deux cas, la religion est magie et fait partie intégrante du quotidien. Séparés par un gouffre spatio-culturel, sculptures de bois, ossements divers, animaux momifiés, plantes et poupées de papier mâché se confrontent pour mieux se compléter. Les objets sont hétérogènes selon les régions mais bien souvent ont un objectif commun : protéger ses enfants, les maisons, les récoltes, le bétail . Au Nord de l’équateur, des chaussures sont emmurées afin de garantir la sérénité du foyer tandis qu’au Sud, des petites statuettes nommées Kudio Bocio sont disposées à l’entrée du village.
De la magie à la religion, il n’y a qu’un pas
Comment parler de religion sans parler de magie ? Telle est la question que pose l’exposition. Interrogées, la dévotion populaire et la religion sont mises en lumière comme des modèles reprenant une construction de l’invisible, identique aux rituels magiques. Bouleversante par l’atmosphère qui s’en dégage, Magie religieuse et Pouvoirs sorciers nous confronte à la réalité d’un monde soumis depuis quatre cents ans à l’hégémonie impériale occidentale. Exploiter. Détruire. Contraindre. Imposer. Et si la scission entre les deux n’était qu’une construction blanche dans une volonté de légitimer le christianisme comme la norme et donc, de délégitimer les magies religieuses noires telles que le vodou ? Archaïque. Barbare. Autre.
Déviante du point de vue des chrétiens, la magie a pourtant posé ses jalons dans la région du Rhin Supérieur : incantation, prières, théâtralisation, danses, musiques et rituels divers rythment le quotidien d’une petite souche d’irréductibles « gaulois » et rappellent les cérémonies vodou du Ghana, Togo, Benin et Nigeria. Des « vierges à gratter », des « billets à avaler », des livres de magie écrits en latin attestent de la connaissance évidente des textes sacrés. Ici, magie et religion ne font qu’une. Dans un même temps, des croix grimées en provenance d’Afrique interrogent la colonisation et son impact sur les cultures et religions africaines. Se confronter pour mieux se compléter disions-nous.