Marcelle Cahn, en quête d'espace

Parcourir l’œuvre de Marcelle Cahn, c’est comme retracer l’histoire de la peinture européenne du XXe siècle. Le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg lui offre sa première rétrospective jusqu’à fin juillet.

Marcelle Cahn, MAMCS
Composition non-figurative, collage, 1976. MAMCS. © Mathieu Bertola

Tout au long de sa carrière, c’est-à-dire pendant une soixantaine d’années, Marcelle Cahn a exploré tous les possibles de l’art contemporain tout en cultivant, en secret, une pratique de la figuration, qu’elle voit comme une récréation nécessaire. Née à Strasbourg en 1895 dans une famille à la solide culture classique, ses peintures sont d’abord de tendance expressionniste, puis cubiste, avant de prendre un tournant abstrait, d’abord courbe et très coloré, puis géométrique et tempéré. Elle se sera aussi essayée au monochrome, à la sculpture articulée et au collage, qu’elle pratique beaucoup à la fin de sa vie, par goût mais aussi par manque de moyens.
Navigant entre France et Allemagne, elle fréquente, dans les années 30, tous les grands -artistes de son temps : Fernand Léger, Amédée Ozenfant, Ossip Zadkine puis, grâce à Michel Seuphor qui l’invite dans le groupe Cercle et Carré, Hans Arp, Sophie Taeuber-Arp, Piet Mondrian, Vassily Kandinsky… Elle est pourtant restée dans l’ombre de ses contemporains. Si son œuvre est présente dans les collections des musées, notamment au centre Pompidou et à Strasbourg, elle n’a que peu été montrée. L’exposition du MAMCS, également présentée au MAMC+ (Saint-Étienne) et au musée des Beaux-Arts de Rennes, est ainsi la première grande rétrospective consacrée à cette artiste à la fois rigoureuse et exubérante, à la personnalité attachante et à l’œuvre multiple, qui témoigne d’un appétit jamais rassasié pour l’expérimentation.


Jusqu’au 31 juillet au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.


Par Sylvia Dubost