Augenblick : la film-list de Milène Ehrhart

Le festival Augenblick qui devait se dérouler courant novembre en Alsace, n’a pu avoir lieu en raison du nouveau confinement. En attendant la reprogrammation de la 16e édition pour le début 2021, Milène Ehrhart, programmatrice de l’évènement, propose cinq films germanophones qui l’ont marqué. De quoi patienter jusqu’au printemps prochain.

Festival Augenblick 2020, affiche, Mickaël Dard
L'affiche initiale du festival conçue par Mickaël Dard, graphiste et collaborateur régulier de Zut.

1. Le dernier des hommes, de Friedrich Wilhelm Murnau (1924)
« Je me suis rendue compte qu’une production n’avait ni besoin de couleur ni de parole pour être bouleversante. Pour moi c’est un classique et une pure merveille. C’est un film touchant, sur un homme, sa fierté, son humanité, dans les quartiers misérables de Berlin ruiné par la guerre. D’un point de vue cinématographie, Le dernier des hommes est connu pour le plan séquence qui ouvre le film et qui témoigne d’une grande modernité pour l’époque

2. Club Europa, de Franziska M. Hoenisch (2017)
« C’est la première fois que je voyais un film dépeindre la jeunesse de manière aussi juste. Je m’y suis reconnue. Ça été un véritable coup de cœur. J’ai été très heureuse de pouvoir programmer ce film, qui était le tout premier d’une jeune réalisatrice, lors de la 13e édition du festival. C’est le genre de production qu’on ne voit pas si elle ne passe pas à Augenblick et c’est justement pour ça qu’il y a des festivals. »

3. Au pays du silence et de l’obscurité, de Werner Herzog (1971)
« Connu pour ses fictions grandioses, Herzog est le plus grand réalisateur allemand en vie. Lors de la 10e édition, le réalisateur avait fait l’objet d’une rétrospective et j’ai découvert un documentariste hors-pair. Herzog s’intéresse à l’absolu : il va suivre des personnes qui vont jusqu’au bout, au bout de leur folie, de leur passion, de leur performance. Au pays du silence et de l’obscurité fait le portrait d’une femme qui a une humanité incroyable dans l’Allemagne patriarcale d’après-guerre. A voir pour ceux qui connaissent les grandes œuvres du réalisateur mais pas ses documentaires. »

4. Toni Erdmann, de Maren Ade (2016)
« En sélection officielle du Festival de Cannes en 2016, Toni Erdmann a remporté un grand succès. C’est un film qui fait passer du rire au larme. Les productions germano-autrichiennes ont souvent la capacité à surprendre : on se dit qu’on n’a jamais rien vu de pareil. Les Autrichiens ont ce côté cynique que les allemands n’ont pas. Ils produisent des films sarcastiques, à l’humour noir. »

5. Allemagne mère blafarde, de Helma Sanders-Brahms (1980)
« Réalisé par une femme, il porte un regard féminin sur la guerre. La réalisatrice donne à voir le parcours d’une femme qui est enfaite celui de sa mère. C’est un récit marquant de la guerre qui témoigne de la naissance de la société allemande d’après-guerre ce que cela signifiait pour les femmes. C’est le retour du patriarcat et on la voit dépérir lorsqu’elle redevient femme au foyer après avoir connu des moments de liberté et de bonheur durant la guerre malgré la misère. Ce film m’a fait cogiter pendant deux semaines. »


Par Ysé Rieffel