Olivier Babinet :
tu viens de Stras, toi ?

C’est qui, lui ?
Réalisateur, il nous avait séduit avec Swagger. Ce documentaire, né après l’animation d’ateliers cinéma au collège Debussy d’Aulnay-sous-Bois, raconte les espoirs, les passions… le quotidien parfois drôle, parfois bouleversant, souvent poétique de 11 ados. On le connaît aussi pour sa série Le Bidule (Canal +, 1999). Il a récemment sorti Poissonsexe, un ovni dystopique qui parle d’amour.

Olivier Babinet, Swagger, Le Bidule, Poissonsexe
Olivier Babinet, portrait par Pascal Bastien.

Son parcours strasbourgeois
« J’ai vécu à Strasbourg jusqu’à mes 18 ans, avant de m’installer à Paris. J’ai détesté l’école maternelle [école Sainte-Madeleine, ndlr] ma mère m’avait fait porter une chemise à fleurs et j’avais les cheveux longs. Beaucoup se sont moqué, des filles m’ont fait manger du sapin dans la cour… En primaire, j’ai été chef de bande, j’étais assez bagarreur. J’ai d’ailleurs deux dents cassées de cette époque-là. »

Le collège
« Il y avait des mecs assez durs au collège Foch. J’étais dans une classe à horaires aménagés et j’allais donc aussi au conservatoire. Je côtoyais la bourgeoisie d’un côté, le quartier de l’autre. On achetait des bières et des chips à la station essence – le seul endroit où on vendait de l’alcool aux mineurs –, à côté de l’ambassade américaine je crois. On faisait semblant d’aller se coucher et trainait jusqu’à 4-5h du matin au Contades, avant d’aller à l’école. »

La castagne
« Avec mon copain Laurent, on faisait le mur et les 400 coups. On piquait des auto-radios, on cassait tout ce qu’on pouvait casser, on faisait des petits cambriolages… On s’en est aussi beaucoup pris à notre collège. Et puis, le lycée est arrivé : les skinheads et les gens du GUD, je ne peux pas supporter ça. Je me baladais avec une batte de baseball. Tous mes copains se sont fait casser la gueule et se sont radicalisés. Moi, j’ai appris à courir vite. »

Le départ
« À Paris, j’ai gardé mes copains de Strasbourg. On a décidé de mettre toute cette violence et cette rage dans la musique et les films. Je faisais de la batterie, du punk, on créait des espèces de clips, des romans photos, des courts métrages… On s’est mis à écrire une série, c’était Le Bidule. »

Un héritage
« J’ai longtemps voulu faire un film sur mon adolescence à Strasbourg, raconter ça, ce sentiment qu’on a d’échapper au monde des adultes. Un copain me disait que Swagger c’était un film sur mon adolescence… Je regarde aussi les choses d’un regard de provincial, d’étranger, ça me sert beaucoup. »

Ce qui lui reste ici ?
« Les parents de ma compagne vivent à l’Esplanade, et j’ai toujours quelques amis ici. Je reviens régulièrement et vais toujours voir la Cathédrale, j’en suis fasciné depuis que je suis petit. Je suis toujours plus détendu quand j’arrive ici. »


Par Cécile Becker
Photo Pascal Bastien