Gérard Darmon, l'indémodable

Flanqué d’une voix de crooner et d’un charisme désinvolte, Gérard Darmon peut se targuer, à 73 ans, d’avoir multiplié les rôles mythiques et les répliques cultes, marquant les esprits sur plusieurs générations. « Vous voulez un whisky ? », « Juste un doigt » répond-il, facétieux. En 50 ans, l’acteur s’est élevé au rang de monument du cinéma français. Indémodable, Darmon séduit les publics de tous âges, endossant des rôles devenus références. Sublime danseur de carioca aux côtés d’Alain Chabat dans La cité de la peur, infâme architecte égyptien dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou encore charcutier halal reconverti en vendeur de cannabis dans Family Business, l’acteur est multiple et intemporel. Avec L’amour c’est mieux que la vie, il décroche 33 ans après sa première apparition chez Claude Lelouch, le premier rôle dans l’ultime trilogie du cinéaste français. 

Gérard Darmon par Grégory Massat
Gérard Darmon retrouve Claude Lelouch avec qui il avait joué en 1989 pour Il y a des jours... et des lunes. © Grégory Massat

C’est bien d’amour dont il est question dans le nouveau mélodrame sentimental de Claude Lelouch, l’amour qui selon le synopsis serait l’une des trois principales préoccupations de l’humanité au même égard que l’argent et l’amitié. « Les trois sont essentiels. Il s’agit de savoir dans quel ordre on les place. Si vous mettez l’argent en tête vous êtes mal barrés. Mais lorsqu’on met l’amour en tête, parfois on est mal barrés aussi. » Gérard (Darmon), lui a toujours répété que l’amour c’est mieux que la vie, aussi lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il n’en a plus que pour quelques semaines, ses deux meilleurs amis Philippe (Lellouche) et Ary (Abittan) se mettent en tête de lui offrir l’occasion d’une ultime histoire d’amour.
En cachette, ils font appel à Sandrine (Bonnaire), une directrice d’agence d’escort-girls afin de lui payer ce dernier rêve. Touchée par leur histoire, cette dernière se décide à faire le job elle-même. Il ne faudra pas longtemps pour que l’amour réel prenne le dessus sur l’argent. « Je ne pense pas que tout s’achète. L’intelligence ne s’achète pas, le talent non plus », confie l’acteur.

Gérard Daron par Grégory Massat
Gérard Darmon, lors de sa venue aux Haras à Strasbourg. © Grégory Massat

« On ne tire pas la queue du lion quand il dort »

Sans même lire le scénario, Gérard Darmon accepte immédiatement le rôle : « Lorsque Claude m’appelle, je dis simplement : oui, je suis disponible. C’est un peu  un voyage en terre inconnue. Où va-t’on ? Dans le désert où il fait 50 degrés, au Pôle Nord ou dans nos profondeurs ? C’est le voyage le plus compliqué à faire ». Le 50e film de Claude Lelouch semble être pour lui l’occasion de jouer un sentiment qu’on ne lui avait jamais vraiment demandé d’interpréter auparavant. « J’ai forcément des points communs avec ce rôle puisqu’un personnage n’existe pas si on ne l’incarne pas. Rentrer dans la peau du personnage est une expression totalement fausse, le personnage n’a pas de peau, il se sert de la mienne, il se sert de mes angoisses, de mes souffrances, de mes joies, de mon cœur, de mon cerveau. Et il fait un melting-pot avec ce que le réalisateur et l’auteur me proposent.»  En incarnant un homme condamné par la maladie, l’acteur se confronte à ses propres interrogations. Quel serait son dernier rêve si la fin était proche ? « J’ai une vie affective très pleine donc je ne serais pas à la pêche d’une dernière aventure. C’est très compliqué de répondre à cette question, d’abord parce que je suis assez sensible et un peu superstitieux et que je n’ai pas envie d’aller dans ces zones-là. On ne tire pas la queue du lion quand il dort. Je vais bien et pour le moment je touche du bois. Si un jour, la question se pose, peut-être que j’y répondrais et autrement d’ailleurs que ce que je pourrais vous dire là. Mais ce serait forcément en lien avec des proches, quelque chose de fulgurant. » 


L’amour c’est mieux que la vie de Claude Lelouch avec Gérard Darmon, Sandrine Bonnaire, Philippe Lellouche, Béatrice Dalle… actuellement en salles. 


Par Emma Schneider
Photos Grégory Massat