Par tournage, il est préconisé d’avoir deux référents covid. Ils sont formés au préalable par un représentant de la Médecine du travail, ainsi qu’un médecin habitué aux plateaux de tournage. Cette formation est proposée par la Région et ne dure qu’une journée. « Ce qui est bien, c’est que les gens qui nous forment ont une très bonne connaissance des plateaux de tournage et des réflexes. Ils combinent les missions sanitaires avec les possibilités d’un plateau. C’est très riche, très complet et à la portée de tous », indique Laura. Outre les référents covid, la présence d’un·e infirmier·ère est désormais obligatoire. Elle est en charge de prendre la température des différents intervenant·e·s sur le plateau. Cette prise de température se fait sur la base du volontariat, car les productions n’ont pas le droit d’y contraindre leurs employés. Si en revanche, l’un·e des employé·e·s a de la fièvre, le protocole impose une mise en quarantaine, le temps de vérifier qu’il ne s’agit pas de la Covid-19. Si ce devait être le cas, le médecin ferait intervenir une brigade en charge de retracer tous les contacts qu’a eu la personne malade avec d’autres technicien·ne·s. Une possibilité redoutée par les productions…
Un tournage en pandémie, ça ressemble à quoi ?
La reprise des tournages a impliqué de réduire les équipes techniques à 50 personnes au maximum. « L’idée, c’est d’avoir le moins de gens possible sur le plateau. Tous les stagiaires ont été supprimés. La seconde équipe implique tout de même pas mal de gens sur le plateau : cadreur, assistant, preneur de son et machiniste supplémentaires. C’est cinq ou six personnes qui ont dû être enlevées. Ce sont aussi des contraintes de mise en scène, on a dû rajouter une journée de tournage puisqu’on a moins de caméra. Le réalisateur a dû modifier son découpage », raconte Jean-Paul Guyon. La limitation s’applique également au nombre de figurant·e·s. Sur le plateau, le port du masque est obligatoire pour tous les technicien·ne·s et l’interdiction de la climatisation est de mise, malgré la chaleur causée par les projecteurs (on leur souhaite bien du courage en pleine canicule !). Les acteurs ne portent évidemment pas de masque lors des prises mais doivent passer un test PCR au préalable, surtout lorsque les scènes comportent des moments d’intimité et de contact physique. Les tests sont aussi à disposition des équipes techniques, les productions étant en collaboration étroite avec divers laboratoires.
En dehors de l’aspect technique, l’artistique est également impacté. Si les lignes de scénario ne sont pas forcément modifiées, la mise en scène peut être adaptée. « Dans l’enquête [du film] on avait beaucoup de figuration et beaucoup de séquences de journalistes très intrusifs. Il a fallu garder cet esprit, mais le réalisateur a retravaillé sa mise en scène pour qu’on puisse faire passer l’idée sans montrer les bousculades et les scènes de contacts importants. Il y en a quelques-unes, mais on raconte ça différemment, avec plus de hors-champ, de jeu sur le son. La place de la caméra a été revue. Avant elle était davantage à l’extérieur de la meute de journaliste. Maintenant, la démarche de Christophe [Lamotte, réalisateur d’Une affaire française, ndlr], c’est de se mettre davantage dedans, de façon à être en vision subjective de la meute et de moins voir les gens en contact », explique le directeur de production.
L’aspect délicat de la situation sanitaire se traduit également par la perte d’un temps précieux. Notamment en ce qui concerne l’habillage : « Les habilleurs donnent leurs costumes aux comédiens. Ils doivent eux-mêmes s’habiller et les ajuster sur les directives des habilleurs. C’est beaucoup plus lent de dire à quelqu’un de remettre son col de telle ou telle manière plutôt que de le faire. »
Toutes ces mesures sanitaires mises en place risquent de laisser quelques traces sur les plateaux de tournage explique Laura Mathon : « Il y aura surement des vestiges de tout ça, c’est-à-dire peut-être plus d’hygiène de la part de tout le monde, mais de manière autonome cette fois-ci. »
Sur les tournages, tout est ainsi déployé pour protéger et rassurer les équipes. Il semble aujourd’hui plus risqué d’aller faire ses courses que de faire du cinéma…
Par Ludivine Weiss