Augustin Trapenard, l'obsessionnel

Dans le cadre du festival Livre à Metz, Augustin Trapenard est venu défendre la littérature, par le biais de son association Bibliothèques sans Frontières et nous parler de sa passion dévorante pour la littérature.

Augustin Trapenard © Audrey Krommenacker
Photo : Audrey Krommenacker

Au festival littéraire Le Livre à Metz, le journaliste Augustin Trapenard ne vient pas présenter un premier roman qu’il aurait couvé des années durant, mais parler de Bibliothèques sans Frontières, association qui œuvre pour transmettre la lecture dans le monde entier, de Boulogne-sur-Mer à la Jordanie, et dont il est le parrain. « Ça m’a permis d’incarner véritablement mon discours, de lui donner du sens », explique-t-il.

Ce discours, c’est celui qu’il distille chaque matin sur l’antenne de France Inter dans son émission Boomerang, où deux millions d’auditeurs rencontrent par son truchement une personnalité du monde de la culture. On peut aussi le voir sur Canal + sur le plateau de l’émission de cinéma Le Cercle ou dans 21 cm, où il rencontre des auteurs.

Passé par Le Grand Journal et le magazine Elle, c’est peu de dire qu’Augustin Trapenard, agrégé d’anglais qui a fait hypokhâgne et l’École Normale Supérieure, n’a rien du critique littéraire façon Le Matricule des anges. « Je ne me suis jamais considéré comme tel, je suis plutôt un intervieweur. La critique, le jugement de goût, c’est pour moi une construction sociale, qui en dit plus sur celui qui l’émet que sur son objet, nous expose-t-il. On la retrouvera certainement à l’identique chez quelqu’un qui a eu la même éducation : pour moi, bourgeoise, entouré de livres qui étaient à la fois un refuge et un moyen de me connecter aux autres. »

Il a eu « la chance » de rencontrer des invités aussi différents que Patti Smith, Le Clézio, Anne Teresa de Keersmaeker ou Martin Scorsese, cultivant toujours « une curiosité » mais aussi une bienveillance assumée« On a si peu de temps, de place pour accueillir des invités, pourquoi les faire venir pour les assassiner ? Tous ne me plaisent pas, mais toujours ils m’interrogent. »

Au jeu de l’invité rêvé figurent Paul McCartney, Joni Mitchell ou J.K. Rowling. « Ça se fera ! », dit-il. Et parmi les disparus, Emily Brontë, dont il a étudié l’oeuvre des années durant ; il a ses mots tatoués sur le corps aux côtés de ceux de Kerouac, Fitzgerald, Duras ou Faulkner, et s’il « ne souhaite à personne » sa « maladie obsessionnelle autour de la littérature », l’enthousiasme et la fameuse bienveillance qui se dégagent de sa personne sont hautement contagieux.


Propos recueillis le 7 avril 2019 à l’Arsenal, à l’occasion du festival Le Livre à Metz


Par Benjamin Bottemer
Photo Audrey Krommenacker