Auteur de compos frissonnantes avec le duo Demian Clav – écoutez Music for Strange Films, beau comme de la dentelle tissée par une veuve noire – et d’œuvres plastiques aux allures d’ex-votos au sein du collectif Yaj, Dominique Clavreul, armé de sa mélancolie dark et son humour acide, ou inversement, vient de sortir ses Fragments d’un journal gothique. Un ouvrage sous forme de carnet intime fractionné où l’on croise Tarkovski, Bukowski et le Saint-Esprit, des artistes « à orientation liturgique », des impressions kaléidoscopiques et des playlists archi mélancoliques. Ou, même, le 32e Régiment du génie de Kehl. Pour se familiariser avec ce Nantais un temps Strasbourgeois, questions à Dominique Clavreul qui, avec son livre, tente « d’établir des passerelles entre les domaines du rock et de la spiritualité (entre humilité et arrogance aussi) ». Surtout, « ne doutez pas de l’authenticité des faits rapportés ici ».
« Nantes a l’apparence d’une ville tranquille », écrivez-vous. Et Strasbourg, c’est le contraire ?
Nantes et Strasbourg se ressemblent : je les vois comme deux sœurs éternellement liées à Paris, se nourrissant le plus de la capitale quand elles croient s’en émanciper et toujours se résignant, Nantes tourmentée, imprévisible, Strasbourg hautaine, bienveillante.
Control, 24 Hour Party People… Quel est le meilleur film sur le rock ?
Il n’y en a pas vraiment, le rock semble insaisissable et c’est, après tout, une de ses rares vertus. Parmi les tentatives méritoires qui ont su me parler : The Wall d’Alan Parker, Phantom of the Paradise de Brian de Palma, One+One de Jean-Luc Godard auxquels on peut associer les nombreux clins d’œil inspirés des films de Kaurismäki et Jim Jarmusch.
Il y a beaucoup de playlists dans votre livre. S’il ne devait en rester qu’une ?
Trop difficile, disons le top five de l’instant sans trop réfléchir :
Peter Hammill – Faint-Heart and the Sermon
Cardiacs – Dirty Boy
Keren Ann – Strange Weather
Nick Drake – Day is done
Jean-Sébastien Bach – Erbame dich mein Gott