Huis clos féminin sur l’Île de Ré

L’écrivaine haut-rhinoise Geneviève Massot-Klintz, alias Gabrielle Makli, a sorti son troisième et dernier roman en novembre. Un polar qui a pour titre Entre minuit et midi et se déroule sur l’Île de Ré, dans un ancien couvent, appelé familièrement Maison douce. Le bâtiment devenu lieu culturel bascule dans le huis clos à partir du meurtre de la présidente d’un club féminin, dont les membre ont l’habitude de se retrouver tard le soir. Un récit basé sur une double trame avec, d’un côté, une galerie de portraits puis, de l’autre, les interrogatoires menés par une visiteuse occasionnelle qui s’avère être capitaine de gendarmerie.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire Entre minuit et midi ?
L’ambiance régnant au sein de clubs services où on retrouve des gens plutôt bien intentionnés. Dans le livre, elles vont peu à peu à l’issue d’une guerre intestine. Le choix de faire un polar avait un côté amusant. Cela me permettait de faire quelques portraits de femmes qui vont se révéler dans l’adversité.

Pourquoi des citations au début de chaque chapitre ?
C’est mon truc. À chaque fois que j’entame une histoire, j’ai des lectures en parallèle. Dans celle-ci, je tombe parfois sur des citations et des passages qui me relient en permanence à ce que je suis en train d’écrire. C’est presque une espèce de tricot. Je viens de finir L’Anomalie (d’Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020, ndlr) et je n’ai pas pu m’en empêcher.  

Les interrogatoires constituent des chapitres à part entière. Pourquoi ?
Cela s’est établi en cours de route. Il y a une double trame dans la mesure où il s’agit en même temps d’une galerie de portraits. Pour faire une enquête, il fallait que je trouve une astuce pour tenir le lecteur en haleine. Je suis donc partie de cette capitaine de gendarmerie qui va interroger les suspectes, les unes après les autres. Mon premier roman (Une histoire comme ça paru en 2014) était tiré de faits biographiques à travers ma famille et mes ancêtres. Puis j’ai fait un recueil de nouvelles (Avez-vous des nouvelles de… en 2016). Pour celui-ci, je voulais me tester au travers du polar. Dans ce genre littéraire, une idée en amène généralement une autre, c’est comme une pelote qu’on déroule et ça vient.

À quoi correspond la couverture ?
C’est une photo de mon illustre époux que j’ai oublié de mentionner. Je suis une vilaine fille (rires). C’est un escalier en colimaçon qui se trouve dans l’église Saint-Martin à l’Île de Ré. On l’a juste retourné pour que cela corresponde à ce que j’avais en tête par rapport à cet élément-clé de l’histoire.

Vous adressez un clin d’oeil à Agatha Christie en quatrième de couverture ?
Sans avoir son génie, je me suis beaucoup inspirée de ses enquêtes. Très souvent dans ses histoires, il y a un fait qui précède un rassemblement de personnes. Je n’ai pas eu besoin de le faire puisque j’avais décidé que l’histoire se déroulerait à huis clos, l’espace d’une nuit avec uniquement des femmes. Agatha Christie utilise souvent une unité de lieu et cela se termine par les suspects rassemblés à la fin. C’est une source d’inspiration. Même s’il y a de vraies pépites dans le polar scandinave mais pour moi, Agatha Christie, c’est quand même la reine du genre.


Entre minuit et midi, éditions Nombre 7,  en vente à la FNAC Colmar et Strasbourg et les librairies Gutenberg et 47 Degrés Nord à Mulhouse.


Par Sabrina Claus