Michel Bedez, passeur d’idoles

Après avoir été exposées cet été à l’Aedaen Gallery à Strasbourg, Les idoles de Michel Bedez se retrouvent dans un livre d’artiste paru aux éditions chicmedias (collection desseins). Soit une galerie d’êtres mystérieux, poétiques et sacrés, peints par Michel Bedez, fondateur de l’agence événementielle Passe Muraille, et sculptés par Loïc Bosshardt, dans un ouvrage enrichi de textes de Stéphanie Lucie-Mathern et Philippe Lefait. 

Loic Bosshardt et Michel Bedez
Michel Bedez dans l'atelier du sculpteur Loïc Bosshardt à Thannenkirch. © Christophe Urbain

Qui sont ces idoles ?
Il s’agit de personnages qui sont sortis de mon imaginaire pour apporter du mystère, de la poésie et du sacré à un monde qui en manque cruellement. Ces idoles constituent un mix entre des images de mon enfance : des images pieuses, des images de sites telluriques celtes et des images de bistrots.

D’où est venu l’idée de les réinterpréter ?
C’est un petit peu une lame de fond car je suis toujours habité par les personnages mystérieux. J’avais écris (en 2013) un roman qui s’appelle Le Boa où figurait déjà ce côté grotesque et fantastique. Plutôt que ces idoles restent rangées dans un coin de ma tête, j’ai essayé de les dessiner, puis de les peindre et de les sculpter avec Loïc Bosshardt. L’idée était de créer des êtres bienfaiteurs, des vaudous positifs, des saints patrons bienfaisants. Et aussi d’avoir une petite famille protectrice autour de moi, comme des ex-voto.  

Comment s’est articulé la collaboration avec le sculpteur Loïc Bosshardt ?
Il est issu d’une famille de sculpteurs de Thannenkirch. Ils sont sculpteurs de père en fils. Il y a toujours le grand-père qui a plus de 90 ans, le père et donc le fils. J’ai chez moi une statue d’un sapeur-pompier qui avait été sculpté par le grand-père pour le mien à son départ à la retraite et qui m’a toujours fasciné. Leurs sculptures sont assez présentes dans le Val d’Argent à l’image d’un forgeron de taille humaine qui trônait dans un restaurant gastronomique de la vallée. J’avais envie de transformer mes idées, mes dessins et mes peintures en 3D et c’est ainsi que j’ai rencontré Loïc. Je pense que mes idoles l’ont touché et il m’a proposé de les transformer. C’est un travail de co-création mais j’essaye de me mettre à la sculpture sur bois de mon côté.

Les idoles Michel Bedez

« Je pense être davantage
une anti-idole »

Dans la préface du livre, la plasticienne Stéphanie-Lucie Mathern vous confère un statut d’idole ?
Il y a beaucoup d’humour puisqu’elle parle d’idole des jeunes du Moyen-Âge. C’est sans doute sa manière de désacraliser l’idée d’idole (rires). Je pense être davantage une anti-idole. 

Est-ce que vous conservez des idoles aujourd’hui ?
J’aime bien la chanson française, il y a Christophe et (Alain) Bashung qui font partie de mes idoles. Je pourrais également citer Mozart ou Schiele. Mais je pense que plus on avance en âge, moins on a d’idoles. Finalement qu’est ce que l’idole ? Celle qu’on brûle ? Celle devant laquelle on se prosterne ? Celle qui vous protège ? Je ne sais pas. Dans ma vie, il y a des gens remarquables qui m’alimentent, qui m’enrichissent, qui me touchent, mais je ne sais pas s’il s’agit d’idoles. 


Par Fabrice Voné
Photos Christophe Urbain