Le thème qui me semble le plus important, c’est celui de l’amitié et de la rencontre : le personnage a toujours un ami en détresse (si ce n’est pas lui-même), un ami avec qui boire un coup, des fêtes auxquelles participer – l’amitié comme valeur refuge dans un monde de fous ?
Oui l’amitié est sacrée. J’adore les histoires d’amitié au cinéma (Nous nous sommes tant aimés, Husbands…). Raconter des histoires d’amitié permet de parler des injustices de la vie, de ceux qui sont passés entre les gouttes et de ceux qui sont morts trop tôt. Ce sont des choses auxquelles je pense forcément de plus en plus souvent en vieillissant.
Évidemment, on pense à la littérature underground américaine : Bukowski, Carver, les Fante… qui sont cités également. Qu’est-ce que vous aimez dans cette littérature ?
Ce sont des auteurs qui en ont bavé. J’aime les histoires racontées par des gens qui ont connu des épreuves. Je préfère écouter chanter un vieux bluesman plaintif qu’un winner avec une grosse Rolex.
Au-delà d’écrire ces éditos, vous vendez des espaces publicitaires pour ces magazines, c’est drôle de le savoir quand on lit entre vos lignes le rejet de la société telle qu’elle est…
La fin justifie parfois les moyens. Vendre des espaces publicitaires est presque aussi dur que de faire du porte-à-porte pour vendre des encyclopédies. Il faut se faire violence, mais c’est le prix à payer pour s’offrir la possibilité de rencontrer – vraiment – Bashung ou Houellebecq, ne serait-ce que le temps d’une interview pour Novo.
Alors : vendeur de pub raté ou écrivain raté ?
Les deux.
La préface de Nicolas Decoud nous prouve une chose : il y a un style Philippe Schweyer puisqu’il arrive à vous singer, vous rendiez-vous compte que vous aviez un style ?
J’essaye de gommer tout ce qui s’apparente à du style, je m’épanouis sur le plat, mais il faut croire que mes obsessions et mes tics facilitent les imitations.
Quel livre écririez-vous ?
Le roman de ma vie en gommant les passages gênants. Malheureusement, j’ai une très mauvaise mémoire.
Pour qui écrivez-vous ? (Pour faire le parallèle avec le « gros paquet de lettres qu’on lâche depuis un avion à réaction » lorsqu’on édite un magazine ».)
Pour les quelques amis qui me lisent et tous les inconnus que je rêve de connaître.
Quel monde rêvez-vous ?
Un monde plus doux.
La mélancolie du danseur de slow, de Philippe Schweyer, éditions chicmedias.
> Disponible sur l’e-shop de chicmedias
Propos recueillis par Cécile Becker
Photo : Pascal Bastien