Street-art : Mulhouse sous les bombes

Un livre chez Médiapop et une expo à la Malagacha Gallery à Strasbourg. La photographe Laurence Mouillet a posé son regard lumineux sur le Schlager Club, collectif mulhousien de street-art.

Un regard approfondi sur le collectif mulhousien Schlager Club. © Laurence Mouillet

Mulhouse. Drôle d’endroit pour une rencontre. À commencer par celle opérée entre Laurence Mouillet, photographe à ses heures perdues lorsqu’elle ne cause pas à nos oreilles depuis le poste d’une chaine franco-allemande, avec une bande de trentenaires, plutôt tatoués, ayant élu domicile à la Mer Rouge, ancien site industriel situé entre deux cheminées « qui ne crachotent plus » et quelques barres HLM de la sous-préfecture haut-rhinoise.
L’entremetteur s’appelle Damien Seliciato, gérant de la galerie d’art le Malagacha à Strasbourg, qui présentera le fruit de cette collaboration fortuite au travers d’une exposition du 26 février au 12 mars. Suite assez logique du précieux livre-photo Schlager Club, réalisé par Laurence Mouillet, paru chez Médiapop éditions. Mulhouse toujours. 

Fernand Schlager Club
Fernand est l'un des fondateurs du Schlager Club. © Laurence Mouillet

« J’étais surprise et intriguée, raconte l’autrice. Visuellement, le lieu était magnifique. Un atelier très personnel conçu à l’image des peintres ». Sur place, elle réalise quelques photos de ces apôtres du street-art avant d’approfondir son travail au bénéfice du premier confinement. Le collectif lui fait confiance pour qu’elle appose son regard sur cette pratique qui ne lui est pas forcément « familière ». Sachant qu’elle avoue un faible pour les peintures des primitifs italiens et flamands ainsi que les expressionnistes allemands et abstraits.
« Ce qui m’intéressait, c’était la création en mouvement. En essayant de trouver des moments de grâce autour du mystère de cette création, des choses que la photographie permet de capter », poursuit-elle. Ses portraits d’Yrak, Fernand et Sven, l’emblématique noyau dur du Schlager Club, sont enrichis de textes et de clichés où on les voit justement à l’œuvre. « Ils m’ont invité à les regarder travailler », souligne-t-elle. Les garçons y ont également mis du leur en calligraphiant leurs play-list respectives. Preuve que le street-art doit autant aux tubes qu’aux bombes.
« J’avais carte blanche mais c’est quelque chose qu’on a fait ensemble », ajoute Laurence Mouillet. Conviée presque par hasard dans cet ex-décor industriel, désormais coloré et enrichi d’une bibliothèque, où sont rangées les toiles du Schlager Club, d’une menuiserie et d’un bar, elle appose un nouvel éclairage sur un univers en vogue puisque le collectif est exposé dans toute l’Europe. « Ils ont tous fait d’autres boulots jusqu’au jour où ils ont décidé de se consacrer pleinement à leur passion », relève la photographe. Suffisant pour donner naissance à un ouvrage particulièrement riche et soigné ? « C’est l’aboutissement d’une rencontre », signifie-t-elle avec un zeste de retenue. Un regard macro sur une « sorte de microcosme » qui trouvera son prolongement à la galerie Malagacha, à partir de vendredi (vernissage 18h), où le public retrouvera quelques-unes de ses photographies ainsi que des œuvres et sérigraphies du Schlager Club.


Schlager Club > le livre, sortie le vendredi 25 février (Médiapop éditions).
Schlager Club > l’exposition, du 26 février au 12 mars, à la Malagacha Gallery à Strasbourg. Vernissage  vendredi 25 février à 18h. 


Par Fabrice Voné
Photos Laurence Mouillet