La Gaule d'Antoine,
bienvenue dans le Grand Est

Ce mercredi 10 juin, Canal + diffuse le nouvel épisode de La Gaule d’Antoine, consacré au Grand Est. Sortie de l’imaginaire et présentée par Antoine de Caunes (son ami réalisateur Peter Stuart est également au générique), l’émission raconte nos régions autrement en partant à la rencontre de créateurs, personnalités, artisans, designers un tantinet à la marge. Dans ce dernier volet, forcément réjouissant (chauvins, nous ?), on croise les godemichets en bois du Vosgien Thierry Germain, les coolglofs de la designer Sonia Verguet, les Pétasses d’Alsace (et les photos) de Marianne Maric, Fishbach et la place de parking de Rimbaud (si, si) mais aussi une étrange histoire de sofro-dégustation de vin. Entretien avec Antoine de Caunes.

Antoine de Caunes entouré des Pétasses d'Alsace de Marianne Maric. Photo : Marianne Maric

Je ne peux pas ne pas la faire : le Grand Est vous a-t-il donné la gaule ?
Oui, et je répondrais sans présomption que c’est le cas de la totalité des régions que j’ai traversées. Non, c’est vrai ! Très sincèrement. Je ne veux pas faire un sort particulier au Grand Est, en revanche ce qui est spécial c’est qu’on est parti de Mulhouse la veille de la réunion évangélique… autant vous dire qu’on n’est pas passé loin du Coronavirus… Rétrospectivement, je me suis souvenu de tous ces gens que j’ai croisés, d’une gentillesse et d’une bienveillance totales. Ça m’a tout à fait remué, j’ai craint qu’il ne leur soit arrivé quelque chose de fâcheux.

Vous aviez conscience du risque à ce moment-là ?
Pas plus que le reste de la population, on sentait que ça montait… Nous devions enchaîner avec la Normandie et on ne commencera le tournage qu’à la fin du mois de juin. C’est donc mon dernier souvenir de tournage en région.

Qu’est-ce qui vous a frappé chez nous ?
Plein de choses. Chaque épisode de La Gaule est l’occasion de rencontrer des gens inattendus, surprenants, qui ne marchent pas dans les clous. Qui sont des originaux sans pour autant être des allumés. Ça va du prêtre qui a sa chaîne YouTube The World of Dany [à Morhange, diocèse de Metz, ndlr], cette femme qui fait de la monte de taureau, Bad Dogg ce rappeur strasbourgeois, à Robin Léon, chanteur de schlager… Cet éventail de personnalités est assez marrant. On tourne ça en 15 jours, vous imaginez la concentration d’allumages [rires], alors, évidemment, ça fausse un peu ma perception de la région, je me doute bien que le Grand Est n’est pas seulement peuplé de gens de cette nature-là. Mais je repense aujourd’hui à la région à travers eux. Je me suis trouvé amusé, charmé… Les gens sont tellement originaux quand vous faites l’effort d’ouvrir la porte et d’aller voir ce qu’il se passe derrière, c’est passionnant tout ça.

Justement, qu’est-ce que « l’insolite » raconte d’une région ?
L’insolite raconte la même histoire mais en creux, c’est-à-dire qu’au lieu d’emprunter toujours les mêmes chemins usés, sur-usés des émissions patrimoniales avec l’artisan du coin, les vieilles pierres, on prend un chemin de traverse et on va voir des gens qui vous en racontent autant sur leur région. Parce qu’évidemment ils sont influencés par l’endroit où ils vivent, ce qu’ils font, ils ne le font pas ex nihilo. Le père Dany par exemple, il est à Morhange, un endroit très sinistré industriellement, c’est quelque chose d’incroyable. Il donne espoir aux gens, il reconstitue un ciment dans une région qui a été très abimée. Robin Léon qui fait son schlager, il est en dehors de la mode, il s’en fout un peu et, finalement, recrée un pont entre les deux cultures française et allemande. La somme de tout ça vous raconte cette grande région. Ces histoires-là, insolites – je n’aime pas beaucoup ce mot qui suppose qu’on observerait ça avec une certaine condescendance, ce n’est pas du tout le cas – constituent la nature cachée de la région.

Le circuit-court, les chemins de traverse, la proximité, l’authenticité, finalement La Gaule d’Antoine c’est peut-être le fameux monde d’après dont on parlait au début du confinement et qui a presque déjà disparu…
C’est en tout cas un monde dans lequel j’aimerais vivre où on accorde plus de liberté à la fantaisie, où il y a plus de tolérance, où on ne juge pas l’autre, où on ne serait pas dans une compétition vaine, dans une anxiété totale à cause du boulot, des fins de mois… Tous ces gens que je croise ont une énergie particulière. Ils développent quelque chose qui est unique. Je crois beaucoup au micro moi, au petit, plutôt qu’aux grandes causes. Je crois beaucoup aux histoires singulières. J’aimerais beaucoup que ce monde d’après, si tant est qu’il existe, soit plus fait de ça.

Ce qui est surprenant dans cette émission, c’est qu’il y a beaucoup de mises en scène auxquelles participent les gens que vous rencontrez, comment arrivez-vous à les embarquer ?
Très simplement. Déjà en faisant le geste de venir les voir chez eux, de se déplacer au lieu de les emmener sur un plateau éclairé avec un public qui applaudit sans comprendre pourquoi il applaudit… Le fait de venir chez eux, de s’immerger une journée avec eux, c’est ce qui fait la différence entre le selfie et la conversation. Un selfie ça se perd dans la mémoire numérique, alors que si on passe un peu de temps ensemble à discuter comme on est en train de le faire en ce moment, vous en garderez quelque chose et moi aussi, j’en garderai quelque chose. Je trouve que dès qu’on prend le temps, c’est un rapport à la télévision qui change tout. Ça se sent tout de suite.

Passons aux choses sérieuses. Bretzel, bière ou les deux en même temps ?
Les deux. La bretzel toute seule, on s’étouffe, il faut forcément la bière pour aider la bretzel à passer.

Tarte flambée ou choucroute ?
Alors choucroute mais roug’chou [au chou rouge, ndlr], j’ai été converti ! [Dans l’épisode consacré au Grand Est, Antoine de Caunes déguste une choucroute au chou rouge (mais pas que… on ne vous en dit pas plus) du chef sundgauvien Tony Hartmann, ndlr]

Antoine de Caunes avec Tony Hartmann devant le restaurant L'Oltinguette, à Oltingue (Sundgau). Photo : Canal +

C’est vraiment bien ?
Ah c’est vraiment meilleur, c’est beaucoup plus subtil… Il y a une petite touche de sucré dans le chou, c’est délicieux ! Je ne reviendrai pas en arrière. Mais allez voir Tony, de toute façon, ce sera l’expérience d’une vie !

Le kouglof, on le boit avec quoi ?
Alors moi, je l’associe à un riesling vendanges tardives. En même temps, c’est vraiment un gâteau du matin le kouglof, il faut le choper à la sortie du four quand il est encore tout chaud, c’est divin.

Vous nous expliquez la différence entre le schlager et le umpapa ?
Ah… Bonne question. Alors le umpapa c’est vraiment de la musique teutonne un peu lourde. Il y a un côté marche… forcée [rires] Alors que le schlager, c’est de la pop des années 80 ! C’est joyeux, c’est dansant. C’est une musique qui est très festive, alors le umpapa aussi hein, il paraît… Mais je pense que le umpapa correspond beaucoup plus à une sensibilité germanique… si une telle chose existe [rires].

Vous êtes vraiment une Pétasse d’Alsace ?
[Immédiatement] Je suis une Pétasse d’Alsace ! Et je le revendique totalement, totalement ! D’abord, j’ai trouvé ces jeunes femmes extrêmement drôles, énergiques, créatives et cette jeune photographe, Marianne Maric, je suis très très fan de son travail. Je la connaissais, j’avais vu quelques photos, mais là pour être rentré dans ce qu’elle fait, je trouve que c’est vraiment une grande photographe que vous devriez suivre de près. On va entendre parler d’elle.

Je me suis laissé dire qu’elles vous avaient offert un t-shirt, vous le portez ?
Mais évidemment, en toutes circonstances ! Enfin, quand je sors de chez moi, pas pour dormir hein !


La Gaule d’Antoine dans le Grand Est, mercredi 10 juin à 21h sur Canal +


Propos recueillis par Cécile Becker