Vous détruisez aussi un certain nombre d’idées reçues, notamment dans le quatrième épisode : non, le monde d’après, n’est toujours pas arrivé. Celui où on favoriserait le circuit court, qui célèbrerait les petits producteurs, ça a été le cas pendant le premier confinement, or, une fois le déconfinement opéré, les consommatrices et consommateurs ont repris leurs habitudes, que faudrait-il selon vous pour que les choses changent véritablement…
E.D. : Comme le dit Justine dans cet épisode, des choses se passent mais elles se passent à côté du système. On aurait pu aller plus loin, notamment sur les politiques agricoles communes, les aides allouées par l’État et l’Europe qui ne sont pas allouées aux bonnes filières. Ce qui se passe est positif mais ça n’est pas suffisant. Cet épisode ne donne pas réellement de pistes mais il montre qu’il y a un idéal qui existe qui alimenté par des gens, mais un peu au péril de leur vie
Pour moi, le dernier épisode qui interroge la notion même de « restaurant » en temps de crise, est presque un manifeste : en donnant la parole à une ribambelle de personnalités, notamment un historien de l’alimentation et des restauratrices et restaurateurs, vous montrez qu’il faut revoir la hiérarchie des restaurants, qu’il faut inventer d’autres expériences.
A.M. : C’était l’épisode le plus compliqué. Pour chaque épisode, c’était un travail d’écrémage, comme une espèce d’entonnoir. Celui-là, il y avait la question : que veut-on dire sur les restaurants ? Et puis c’est quoi, les restaurants ? De quels restaurants on parle ? De la cantine, des restaurants étoilés ? Cette question nous a guidées.
E.D. : On avait assez peu de références de terrain, parce que c’est difficile de parler du futur. À la fin de l’épisode, une espèce de collage de voix, on a délibérément choisi des personnes assez jeunes qui avaient des visions. Ce que ça veut dire c’est que ces visions et idées, elles existent déjà, il suffit juste d’écouter.
Comme toute bonne série, je me dois de poser cette question, y aura-t-il une saison 3 ?
E.D. : Après la saison 1, on se disait que non, et puis finalement…On n’a jamais parlé de saison 3. Il nous faudra au moins un an avant d’en reparler. Mine de rien c’est éprouvant [huit mois de travail ont été nécessaires, ndlr] et puis l’avenir est très incertain.
A.M. : Et puis, j’ai envie de dire : laissez-nous profiter de notre bébé !
Le podcast Salade Tout est disponible sur toutes les plateformes d’écoute : Spotify par exemple, mais aussi sur le site de la RTBF.
Propos recueillis par Cécile Becker