En fait, Lou ne se prive de rien, surtout pas « d’encourager les bébés queer et les personnes sexisées et minorisées » et pas non plus d’être « vulgaire » dans son écriture. Si ses textes choquent, c’est que ça touche précisément là où ça fait mal et qu’on l’aura bien mérité, Jean-Mi, ben oui…
Le goût de la résistance
Ce qu’il défend c’est un système le moins oppressif possible et un langage libre qui néanmoins doit faire sens. Sa malice et son talent à manier les mots n’étant jamais bien loin. Son discours est affirmé. Rien à voir avec ce qu’il produisait avec son précédent groupe, La Bergerie. Depuis, Lou y va plus franchement : « En solo, mes textes sont moins cryptés, je me sens plus libre. Et puis, depuis, j’ai fait mon coming out, c’est aussi lié au fait d’être mieux dans mes baskets. » En creux, ce qu’il dit, bordel, c’est qu’on a toutes et tous besoin d’amour (sous toutes ses formes, et peut-être avant tout d’amour-propre). Mais juste un peu d’intime, jamais trop. Quand il en parle, d’amour en l’occurrence, il passe en anglais : « Tout ce qui me concerne personnellement reste compliqué. L’anglais, c’était créer un filtre pour que ce soit moins difficile de gérer la pudeur. »
Une pudeur qu’il compense volontiers par sa présence en live, et par son désir de créer sur scène un spectacle total. Faire le show et mêler le spectacle vivant à la musique (il a fait du théâtre de ses 4 à 18 ans) le porte, depuis longtemps, comme le rap, qu’il écoute depuis toujours. Une manière, sans doute, de sortir de lui-même. Il fait d’ailleurs le lien entre ses origines et son rapport à la musique : « J’ai grandi à Forbach dans un monde ouvrier – le 57 envahit toute la France ! –, c’était marrant quand même. » Comme si ce genre musical et à la fois ses origines sociales, lui avaient inculqué le goût de la dissidence et de la contre-culture, le goût de la politique qui se loge dans les interstices.
Entre-temps, il a été sur les bancs de la fac d’arts plastiques (« Je sais dessiner des arrosoirs, c’est déjà pas mal ») et a fait une formation pour devenir moniteur éducateur. Mais finalement, la musique l’a ramené ici, à Strasbourg, et la musique l’a rattrapé. C’était inévitable. Elle est de toute façon partout où il passe : écouter, concocter des playlists, produire, danser, lever le poing. Lou, c’est brut, c’est vrai, et y’a tout qui dépasse. Indispensable et fucking rafraîchissant.
Bonus : la playlist de Lou concoctée pour Zut
Freestilz disponible sur toutes les plateformes d’écoute dès le 19 juillet
Premier EP attendu en mars 2022
tippingpointproduction.com
La page Instagram de Lou
Par Cécile Becker
Photos : Julie Iltis