Mouse DTC : petite souris deviendra grande

Hermance Vasodila et Arnaud Dieterlen, l’alliance de deux univers et deux special touch, qui ont fini par devenir interchangeables mais non moins passionnants. Après un premier album, Dans ton club, rock aux accents disco-pop, cette fois, le duo sort Dead the cat : la guitare laisse place à une brouette de synthés, de sons électroniques sautillants et à une collaboration avec Miossec. Sautillant ? Oui, mais pas seulement…

Le duo Mouse DTC : Hermance Vasodila et Arnaud Dieterlen. © Henri Vogt
Mouse DTC : Hermance Vasodila et Arnaud Dieterlen. Photo : Henri Vogt

Si la rencontre artistique s’est opérée devant un ordinateur, il semblerait que l’alchimie se soit faite d’emblée. Une phrase, une ébauche de texte puisée par Arnaud Dieterlen dans les carnets de notes d’Hermance Vasolida et les voilà tous deux lancés. « Parfois ça vient d’une petite phrase qui nous fait rire », confirme-t-elle, insistant sur la sonorité de la langue, cette chose rythmée à laquelle Arnaud, en tant que batteur, est forcément sensible. Lui, qui a côtoyé Alain Bashung, s’attache aux possibilités du français. Ça doit claquer, qu’importe le sens premier finalement.

Il en va de même pour leur collaboration avec Miossec. Avant de se retrouver pendant une semaine à Ouessant pour écrire ensemble et compléter les chansons, Christophe leur envoyait des bouts de phrases par SMS. On aurait tort en revanche de les distinguer tous les deux de manière caricaturale, le rock pour lui, le disco pour elle, les deux se partagent des passions communes, ils inversent les rôles à l’envi et se retrouvent sur ces formes hybrides que ne renieraient pas les pionniers d’un genre mutant à la fin des années 70 et au début des années 80.
Ces gars qui venaient du prog-rock et qui s’adonnaient au disco, The Buggles par exemple. Arnaud réagit spontanément : « Oui, mais là, c’est Trevor Horn quand même ! » Et de nous rappeler qu’il a lancé son fameux label ZTT – Zang Tumb Tuum pour les intimes ! – dans les années 80, avec Frankie Goes to Hollywood et Propaganda. « Ça a un peu vieilli, quand même ! »

Il faut croire que pas tant que ça : on retrouve quelque chose de ces raccourcis aux claviers qui donnent une coloration si singulière à Mouse DTC. On sent aussi que d’un point de vue rythmique, il s’éclate l’ami Arnaud ; il se lâche, comme sur le titre Homosexualis Discothecus. L’occasion pour Hermance d’affirmer des points de vue, même s’ils s’expriment sous la forme de boutades – « Oui, on cultive ce petit côté politique sans donner de leçons. » – avant d’avouer : « On arrive à toucher du doigt ce qu’on cherche. »

Un juste équilibre sans doute qui les amène derrière ce semblant d’insouciance à une petite pointe de gravité. Ils admettent effectivement cette double lecture de chansons qui s’appuient sur une dimension très fun pour finalement nous dire des choses en phase avec notre époque. Ce qui n’est pas, on l’admettra, la moindre des choses.


DEAD THE CAT, disponible sur www.mediapop-records.fr
Mouse DTC, en concert le 4 mai 2019 à l’Antonnoir, à Besançon


Par Emmanuel Abela
Photo Henri Vogt