thems :
Tu viens de Stras, toi ?

Expatrié à Paris, thems a grandi en Alsace et fait ses études à Strasbourg, ville où il a aussi recentré sa pratique sur la musique électronique. Trois EPs à son actif, il explore les souvenirs et une certaine idée de la mélancolie, tout en profondeur et en délicatesse. Zut fait les présentations.

C’est qui, lui ?
thems, de son vrai nom Félix Muhlenbach, un producteur et musicien électronique qui a cette année sorti Nuits, son troisième EP notamment joué en première partie de Maud Geffray à La Laiterie, entre les deux confinements – c’est d’ailleurs comme ça, en mode assis et distanciés, que nous l’avons découvert. Opus passionnant connecté à la voie lactée, Nuits est fourni en sons profonds et envoûtants. C’est doux, minimal et l’on pense sans sourciller aux errances musicales de Rone ou aux éclats harmoniques de Pantha du Prince.

D’abord bassiste pour des groupes de rock/métal, il se plonge dans les logiciels d’enregistrement et de production durant ses études à Strasbourg (fac d’arts visuels), devient ingénieur du son – il est intermittent du spectacle – et clapote depuis gaiement au milieu des nappes électroniques. Il est originaire de Mulhouse et est aujourd’hui installé à Paris, le pied sur l’accélérateur d’une carrière qui s’annonce prometteuse.

Son lien à Strasbourg
« C’est la ville où je me suis construit artistiquement, socialement et professionnellement, donc forcément énormément de mes souvenirs sont à Strasbourg. J’aime repenser aux nuits entières que je passais à travailler sur mes projets artistiques en écoutant de la musique, ou encore aux apéros en terrasse avec les amis lorsque les beaux jours arrivaient. J’ai aussi de belles images de déambulations nocturnes le long des quais !
Mais comme beaucoup de personnes ayant vécu à Strasbourg, j’ai un souvenir indélébile : celui du moment où tu arrives sur la place de la Cathédrale et que tu tombes nez à nez avec Notre Dame. Même quotidiennement, on ne s’en lasse pas ! »

Ses QG
« Il y en a tellement ! En premier, je dirais le club de La Laiterie. J’y ai découvert tellement d’artistes talentueux, la programmation est vraiment variée et de qualité. Quand j’étais étudiant j’avais la carte culture, ce qui permettait d’assister aux concerts pour seulement 5,50€, du coup ont y allait très régulièrement avec les copains.
Sinon j’ai passé à peu près la moitié de mes cinq années d’université à La Taverne Française. C’est un café à quelques pas du Palais Universitaire où on refaisait le monde, on dessinait et on rédigeait nos travaux de fac autour d’un grand café (+ verre d’eau) ou de pintes de Picon, en fonction du moment de la journée.
Plus tardivement a ouvert Le Wawa, un super bar vers Université. J’aimais beaucoup y aller durant mes dernières années strasbourgeoises, surtout que j’habitais à Observatoire, donc c’était tout près. »

Ses concerts marquants…
« Je garde un très bon souvenir du concert de Peter Kernel à la galerie Stimultania. C’était un groupe que je suivais depuis quelques temps et quand j’ai vu qu’ils passaient à Strasbourg, j’étais vraiment heureux. Le concert était fou, le public était super chaud et le cadre magnifique avec toutes les photographies au mur. Après le concert on a continué en after dans un appartement plein à craquer Place de Haguenau. 100% Chevalier (qui avaient fait la première partie de Peter Kernel) et Pauwels ont joué toute la soirée, c’était incroyable.
J’ai vécu énormément de concerts mémorables, notamment la découverte de Bat For Lashes à La Laiterie ou encore la musique concrète et immersive de Pierre Henry dans le cadre du Festival Musica. »

… Et en tant que producteur
« En 2018, quand j’ai sorti mon deuxième EP Souvenirs j’ai organisé la release party au Mudd Club aux côtés de mes copains Difracto et Billy Mays Band. C’était la première fois que je jouais à Strasbourg depuis que j’en étais parti, et ça a vraiment été une soirée mémorable. Le thème de l’EP c’est la mémoire et les souvenirs, et ça me tenait vraiment à cœur de faire ce concert ici. J’y ai recroisé plein de gens, et on a fait la fête ! C’était seulement quelques jours avant que le Mudd Club ferme ses portes, ça m’a fait plaisir d’avoir été présent à ce moment-là. »

Une rencontre clé
« En troisième année de Licence Arts Visuels, l’un des étudiants de ma promo est venu vers moi pour me demander de jouer dans son court métrage. J’ai accepté sans trop savoir à quoi m’attendre, et depuis ce jour je n’ai cessé de collaborer avec Jeremy Morlot ! Au-delà d’être un formidable ami, il est aussi un fidèle collaborateur artistique et un photographe/vidéaste hors pair ! C’est lors de notre colocation à Homme de Fer qu’on a commencé à véritablement travailler ensemble. Depuis, on a tourné plusieurs court métrages et clips et on a fait de nombreux shootings. Toutes les images que je diffuse lors de mes live sont réalisées par Jeremy et chacune de mes photos de presse sortent de son appareil. Sans lui thems ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. »

Strasbourg, une inspiration
« Le clip de mon single Nuits a été réalisé dans les rues de Strasbourg. Je me suis inspiré des déambulations nocturnes que j’ai pu vivre à l’époque dans ces mêmes lieux. Dans ma musique j’aime globalement puiser dans mes souvenirs, relater une certaine nostalgie. Je crée des bouts d’histoires dans lesquelles je mets en scène des personnages. C’est très souvent inspiré de moments que j’ai vécus, et pour cela ma période strasbourgeoise est une ressource inépuisable. »

Le retour aux sources
« J’essaye de revenir le plus souvent possible pour voir mes amis. Ça fait un an maintenant que c’est un peu compliqué, mais dès que cette crise sanitaire sera derrière nous je pense en profiter pour faire une cure de Strasbourg. Ma famille est en Alsace, donc c’est facile d’organiser régulièrement un petit passage ! Et finalement depuis Paris c’est assez rapide en TGV. Récemment je suis revenu pour travailler autour du projet musical Shapiri, et je reviendrai aussi pour une résidence de création avec François Delamarre alias Difracto. Des projets se créent, d’autres évoluent, ça ne me dérangerait pas de créer des liens entre Paris et Strasbourg. »


thems, dernier EP, Nuits, disponible sur son site Internet et sur toutes les plateformes d’écoute


Propos recueillis par Cécile Becker