Eric Wolff :
"Quelque part, on est dans le circuit court"

Des spectacles jeune public dans toute l’agglo de Haguenau. C’est le concept de La Tête dans les étoiles qui propose une chouette programmation pour toute la famille sur l’ensemble du territoire d’octobre à mai. Explications avec Éric Wolff, directeur du Théâtre de Haguenau.

Eric Wolff, directeur du Théâtre de Haguenau. ©Henri Vogt

En quoi consiste La tête dans les étoiles ?
La ville de Haguenau et le relais culturel avaient une programmation jeune public depuis de nombreuses années. On avait décentralisé un certain nombre de spectacles dans le quartier des Pins et on avait commencé à travailler avec la Ville de Schweighouse-sur-Moder et son service culturel sur des spectacles en commun. De fil en aiguille, on a été contacté par la Ville de Brumath qui avait aussi envie d’accueillir des représentations jeune public, aussi bien en temps scolaire que hors scolaire. Finalement, le Covid nous a laissé le temps de réfléchir sur les suites à donner à tous ces projets. En fin de compte, on a eu envie de proposer une programmation commune sur l’ensemble du territoire. À la fois pour mutualiser les spectacles et les coûts, pouvoir en faire plus et mieux avec la même somme d’argent. Cela nous a permis de proposer aux compagnies qu’on accueille de les faire venir pour cinq, six, sept jours avec une dizaine de représentations à la clé au lieu de les accueillir pour deux jours avec trois représentations. Avec l’idée aussi que les enfants et les parents peuvent circuler sur l’ensemble du territoire.

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Ronge ton os (Cie l'Awantura) au Théâtre de Haguenau, le 28/11.

D’où vient cette idée de partage et de mutualisation des projets ?
Cela fait presque deux ans qu’on réalise des choses de manière bilatérale avec une collectivité ou un théâtre. On avait dans l’idée de travailler tous ensemble d’autant qu’on n’est pas sur un secteur concurrentiel en terme de jeune public. Par expérience, on refusait quand même pas mal de monde car souvent on n’achetait que deux représentations en temps scolaire. Il y avait de la demande, il y avait de l’envie, ça nous a aussi donné la perspective de mener ces actions-là. C’est une expérimentation à cette échelle, de manière construite et posée. L’idée étant de voir ce qui fonctionne et comment on peut améliorer les choses pour les années futures. Pour nous, c’est des années test pour voir comment ça prend. Le spectacle vivant, c’est quelque chose qui a besoin de mûrir et qui a un temps un peu plus long que le reste. On a besoin de voir comment fonctionne les habitudes et les réflexes des gens pour voir commencent construire quelque chose dans la durée et que ce soit solide.

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Fracasse, Cie des Ô, salle La Fibule à Brumath le 9/12.

Comment construire dans la durée par rapport à la situation actuelle ?
Je ne vois pas comment on peut faire autrement. Il faut avoir l’audace d’imaginer de construire des choses pour l’après. Parce que je pense que, pour l’après, il y aura beaucoup de choses qui seront mal en point. Il me semble qu’il est important d’anticiper et d’essayer d’autres formules vis-à-vis des gens. Le sentiment que j’ai aujourd’hui, c’est que les théâtres de proximité qui travaillent depuis de longues années sur le territoire et qui ont réussi à tisser un lien de confiance avec les spectateurs s’en sortent. Pour l’instant. On perd des plumes mais c’est pas la cata. Parce que les gens nous connaissent, nous apprécient. Quelque part, on est dans le circuit court, on n’est pas dans le supermarché. J’ai envie de croire en cette dimension humaine.
Les demandes d’abonnements et les réservations ne sont pas aussi géniales que d’habitude mais elles ne sont pas aussi catastrophiques qu’on pouvait le craindre. Même si on est en zone rouge, même si c’est compliqué, lors des soirées d’ouverture de la saison [début septembre, ndlr], les gens nous disaient qu’ils avaient envie d’être là et que ça leur manquait. Je pense que c’est une super preuve d’envie. Une fois que ce truc sera derrière nous, il y a deux solutions : soit on a arrêté et il n’y a plus personne, soit on est au rendez-vous et on propose autre chose. Je me dois d’imaginer les choses qui pourront se faire après, sans doute de façon différente, et je pense qu’à plusieurs, on sera sans doute plus forts que chacun dans son coin.

La tête dans les étoiles
Une saison culturelle en famille
Du 17 octobre au 15 mai 2021 au Relais culturel-Théâtre de Haguenau, au centre socio-culturel Robert Schuman, quartier des Pins à Haguenau, à la K’Artonnerie de Schweighouse-sur-Moder, à la MAC de Bischwiller et à Brumath. 


Par Fabrice Voné
Portrait archive Henri Vogt

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