L'escalier des Haras : chef d'œuvre absolu

Co-gérant des Ateliers Stroh, l’une des entreprises de KS groupe, Christophe Regel a dessiné le fameux escalier de la Brasserie des Haras d’après les idées des designers Jouin-Manku. Il lui a  offert sa forme concrète, chef-d’œuvre absolu de cette rénovation  : une expérience aussi fantastique qu’éprouvante.

Escalier de la Brasserie Les Haras à Strasbourg, designé par Jouin-Manku et réalisés par les Ateliers Stroh, entreprise de KS groupe. Photo : Hélène Hilaire
Photo : Hélène Hilaire pour l'Agence Jouin-Manku

Quel a été votre parcours avant de  rejoindre les Ateliers Stroh  ?
Je suis sorti de l’école avec un examen en charpentes métalliques. Cela m’a permis d’intégrer une société en serrurerie. J’ai travaillé 10  ans avant de rejoindre les Ateliers Stroh. J’ai fait ce choix pour la variété des travaux, puis aussi parce que c’était une petite entreprise familiale.

Y a-t-il un savoir spécifique en  métallerie et en ferronnerie aux  Ateliers Stroh  ?
Nous avons des gens autonomes et très polyvalents. Chacun a ses spécificités, l’un en inox, l’autre en fer forgé, le troisième en charpentes… ça nous permet d’assurer un volant très large des travaux, et de faire beaucoup de choses très spécifiques, des «  moutons à 5  pattes  » comme dit Monsieur Stroh. Nous sommes reconnus sur la place pour ces qualités. On nous demande moins des choses courantes.

Comment avez-vous réagi la  première fois que vous avez vu les plans pour l’escalier de  la  Brasserie des Haras  ?
Ma première impression, c’était  : «  Pfiou, Jean-Pierre [Stroh]… Je ne sais pas. Je n’ai jamais fait quelque chose comme ça. Demande déjà aux gars dehors s’ils sont capables de le réaliser. Comment ils le sentent.  » Eux ont réagi de la même façon, disant à  Jean-Pierre  : «  Retournes-y et vois avec Christophe s’il sait le dessiner. Si  c’est  le  cas on saura le fabriquer.  »

Quels étaient les principaux défis pour créer le dessin  ?
Pour commencer, nous avions affaire à des gens que nous ne connaissions pas du tout  : des designers. D’habitude, nous travaillons avec des architectes, donc nous parlons davantage d’enveloppes de bâtiments. Au début, nous avions un peu sous-estimé cet aspect.

Ils avaient leur image en tête, mais par contre la réalisation… Il fallait, par exemple, qu’on intègre les normes. Le défi résidait dans la partie centrale. Le palier règlementaire doit être mis après 25  marches. Cela défigurait entièrement la ligne. Il fallait trouver une courbe qui colle avec le projet des designers, les normes et les résistances des matériaux.

Avez-vous travaillé en dialogue avec  Jouin et Manku  ?
Nous avons beaucoup échangé. Si j’ai bonne mémoire, nous en sommes à la 18e version de courbe pour ce qui a été effectivement fabriqué. On revenait dans tous nos états de ces nombreuses réunions. Parfois, cela donnait envie de tout laisser tomber. Mais au final, le résultat est là, et nous sommes contents de ce que nous avons fait.

Combien de temps cela vous a pris  ?
À mon niveau, je dois comptabiliser 200  heures. En comptant aussi les aller-retour avec l’architecte, les essais, les moments où il fallait tout recommencer…

Comment avez-vous ensuite travaillé à la réalisation de  l’escalier  ?
Une fois le dessin fini, nous avons préparé des éléments à l’atelier. Nous avons fait des cintrages de limon, des coupes, préparé les marches. Puis toute la partie assemblage s’est faite sur site. Pour ce faire, nous avions tout tracé à blanc. J’avais fait des coupés au laser sur des plaques entières. Tout mon plan était à l’échelle  1. Cela nous permettait ensuite de remonter les points, de donner des niveaux pour définir des altimétries.

Escalier de la Brasserie Les Haras à Strasbourg, designé par Jouin-Manku et réalisés par les Ateliers Stroh

C’est inhabituel de travailler comme ça  ?
Généralement, un tracé au sol fait par les ouvriers suffit. Mais là, vu la complexité, nous avons dû faire préparer des éléments au laser pour être nickel et coller au 10e dès le début.

Que pensez-vous lorsque vous regardez l’escalier aujourd’hui  ?
C’est quand même de la belle ouvrage. On devrait en faire plus souvent, des choses comme ça. Il y a une vraie fierté.

Vous travaillez aujourd’hui sur  les  Diaconesses / Haras 2, pouvez-vous en parler  ?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore attaqué la partie intérieure, pour laquelle on retrouve les mêmes designers. À ce jour, nous sommes sur les travaux de réfection en extérieur, avec de la serrurerie plus courante.

Pas de mouton à 5 pattes à l’horizon, alors  ?
Il y a bien un balcon côté cour intérieure qui est assez spécifique… Mais ça n’a rien à voir avec l’escalier de la Brasserie. C’est de la serrurerie améliorée [rires].

* Les parties en bois de l’escalier ont été réalisées par L’Arche du bois.


Brasserie Les Haras
23, rue des Glacières à Strasbourg
03 88 24 00 00


Par Marie Bohner