Le point de départ du sentier, à deux pas du bac de Drusenheim, donnerait presque envie d’une mini-croisière pour gagner l’autre rive du Rhin… mais le sentier nous mène sur la digue pour observer les péniches lourdement chargées, qui naviguent vers Bâle ou la Hollande. Après quelques minutes, le long du fleuve, à la borne kilométrique 317, le regard est attiré à droite par une vaste étendue d’eau, le Rossmoerder (le tueur de chevaux). Ce biotope protégé abrite une foule d’oiseaux aquatiques : cygnes, aigrettes blanches, hérons, cormorans, que l’on observe sans les déranger.
Mais l’appel de la forêt se fait pressant, le chemin descend pour traverser le contre canal et s’enfoncer dans la végétation luxuriante de la forêt alluviale. Lianes, saules têtards, peupliers noirs et arbrisseaux emmêlés rapprochent la forêt d’Offendorf d’une sorte de jungle. Classée réserve naturelle intégrale, celle-ci ne tolère aucun visiteur, pour laisser en paix les animaux qui la peuplent et dont les traces se perdent entre jungle et roselières. Un petit pont de bois traverse cette mer de verdure, à la moiteur tro- picale, toujours plus dense et plus profonde. Prenons garde à ne pas effrayer ce chevreuil surpris par notre passage.
Encore quelques méandres et l’eau prend une couleur cristalline, qui mérite une pause photo et permet l’observation de colonies de moules d’eau douce et de poissons. Le point bleu électrique d’un martin pêcheur nous confirme que les fonds sont poissonneux ! Amarrées dans le dernier bras du Rossmoerder, quelques barques à fond plat achèvent de dessiner cette aquarelle de carte postale. Il est temps de remonter sur la digue Tulla, qui protégeait les villages des grandes crues du Rhin, avant la rectification du cours du fleuve. Les deux heures de balade s’achèvent entre paysages agricoles, blockhaus et petit étang, que l’on contourne sur la gauche pour revenir à notre point de départ, totalement ressourcés et émerveillés.