Installé au cœur de la forêt, le lodge s’ouvre sur un couloir mystérieusement attirant dans lequel on s’engouffre, curieux et impatient d’en découvrir le secret. Une odeur réconfortante fait écho à l’enfance, aux souvenirs de balades sur des sentiers tapissés d’aiguilles de pins et de soirées au coin du feu que l’on regardait s’éteindre jusqu’à la dernière braise. La pièce à vivre se fond à la nature environnante, mélange gracieux et épuré de matières brutes et de bois massif dont les textures appellent à la caresse. En son centre, des bouleaux disposés en arc de cercle, dans lequel se niche une chambre et le silence intact, qui enchante autant qu’il hante, comme une nuit d’hiver au fond des bois.
Qui du loup ou de soi contemple l’autre ? À travers d’immenses baies vitrées et aussi loin que porte le regard, la terre semble se hisser sur la pointe des pieds pour embrasser le ciel. En face à face avec la meute, le tableau est grandiose et dans cette intimité flamboyante, l’homme insignifiant n’est que toléré, spectateur discret et stupéfait. Nous voilà à observer les loups, prenant note de leurs faits et gestes. Fier et noble, l’un d’eux s’approche. Ses muscles roulent sous sa fourrure d’hiver quand soudain, les arbres, les buttes, tout disparaît. Il ne reste qu’une chose, une pupille sombre, et des petites taches de couleur qui apparaissent dans le jaune brun de l’iris : ici, une tache bleutée, là, un éclair d’or, brillant comme une paillette. Plus loin, le mâle alpha retrousse les babines, prêt à gronder, la bande forme un cercle autour de lui et lui emboîte le pas aux lueurs du soleil couchant. Reconsidérer notre environnement nous invite à nous reconsi-dérer nous-mêmes. Quelle chance !
À la nuit tombée, les lodges d’Amarok luisent dans la nuit claire, comme des lanternes éclairées de l’intérieur, évoquant un village féerique, tout droit sorti d’une vieille légende. L’heure est au partage d’un bon repas autour de la tablée en bois massif et de quelques jeux de société entre amis. Ici ni télé, ni wifi, tout se passe par la fenêtre. Une fois couché, alors que la Lune brille, froide et calme au firmament, résonnent impérieusement dans la profondeur des bois des chants nocturnes et en chœur, à la fois étranges et fantastiques.