Danse avec les loups

Les quatre lodges Amarok ont ouvert en septembre dernier au Parc animalier de Sainte-Croix. À travers leurs larges fenêtres, la vie sauvage s’y joue grandeur nature, pour un spectacle d’exception en compagnie des loups blancs. Le temps d’un séjour, Zut s’est plongé dans la légende. Récit.

Installé au cœur de la forêt, le lodge s’ouvre sur un couloir mystérieusement attirant dans lequel on s’engouffre, curieux et impatient d’en découvrir le secret. Une odeur réconfortante fait écho à l’enfance, aux souvenirs de balades sur des sentiers tapissés d’aiguilles de pins et de soirées au coin du feu que l’on regardait s’éteindre jusqu’à la dernière braise. La pièce à vivre se fond à la nature environnante, mélange gracieux et épuré de matières brutes et de bois massif dont les textures appellent à la caresse. En son centre, des bouleaux disposés en arc de cercle, dans lequel se niche une chambre et le silence intact, qui enchante autant qu’il hante, comme une nuit d’hiver au fond des bois.

Qui du loup ou de soi contemple l’autre ? À travers d’immenses baies vitrées et aussi loin que porte le regard, la terre semble se hisser sur la pointe des pieds pour embrasser le ciel. En face à face avec la meute, le tableau est grandiose et dans cette intimité flamboyante, l’homme insignifiant n’est que toléré, spectateur discret et stupéfait. Nous voilà à observer les loups, prenant note de leurs faits et gestes. Fier et noble, l’un d’eux s’approche. Ses muscles roulent sous sa fourrure d’hiver quand soudain, les arbres, les buttes, tout disparaît. Il ne reste qu’une chose, une pupille sombre, et des petites taches de couleur qui apparaissent dans le jaune brun de l’iris : ici, une tache bleutée, là, un éclair d’or, brillant comme une paillette. Plus loin, le mâle alpha retrousse les babines, prêt à gronder, la bande forme un cercle autour de lui et lui emboîte le pas aux lueurs du soleil couchant. Reconsidérer notre environnement nous invite à nous reconsi-dérer nous-mêmes. Quelle chance ! 

À la nuit tombée, les lodges d’Amarok luisent dans la nuit claire, comme des lanternes éclairées de l’intérieur, évoquant un village féerique, tout droit sorti d’une vieille légende. L’heure est au partage d’un bon repas autour de la tablée en bois massif et de quelques jeux de société entre amis. Ici ni télé, ni wifi, tout se passe par la fenêtre. Une fois couché, alors que la Lune brille, froide et calme au firmament, résonnent impérieusement dans la profondeur des bois des chants nocturnes et en chœur, à la fois étranges et fantastiques. 

En coulisses avec Clément Leroux, responsable ­communication au Parc animalier de Sainte-Croix

« La création des quatre lodges Amarok découle d’un long travail de réflexion entre Laurent Singer, président du parc et Fabien Brion, architecte de Quartier Libre à Strasbourg. Ce dernier, qui travaille beaucoup dans le domaine de l’environnement, s’est inspiré ici du principe des citadelles de Vauban. Une architecture unique qui permet de conserver l’intimité entre les lodges, tout en maintenant une immersion totale au cœur de la forêt avec trois faces immergées. 

C’est la première fois que l’on propose des lodges avec une expérience à 180° sur le territoire des loups blancs. Écolabellisés, les lodges Amarok ont été fabriqués par une scierie vosgienne avec du bois local, tandis que les toits végétalisés offrent une isolation performante. À l’intérieur, comme à l’extérieur, les lodges, d’une superficie de 62 m2 chacun, sont intégrés à l’espace naturel. Dès qu’on y entre, tout est dans les arrondis. L’idée est de casser les frontières, de rappeler les courbes de la nature et de les épouser pour ne faire plus qu’un avec l’espace environnant et la meute. Le bois brut est omniprésent et les baies vitrées sur trois façades permettent le maximum d’ouverture sur les animaux. S’ajoute à cela un tas de détails architecturaux, des finitions faites sur mesure et du très haut de gamme. 

Le territoire de la meute s’étend sur une superficie de plus d’un hectare de forêt, nous y avons délimité des espaces de clairière et créé des buttes. Les loups sont des animaux territoriaux et dès lors que des zones de perchoir sont créées, ils vont venir s’y installer, ce qui permet, depuis les lodges, des temps d’observation importants. »

1h en voiture depuis Strasbourg


Par Emma Schneider
Photos DR