
Le Port de Plaisance à Saverne
Il relie Paris à Strasbourg, la Seine au Rhin… Le canal de la Marne au Rhin trouve à Saverne sa halte la plus “wow”, avec accostage au pied de l’impressionnant Château des Rohan.
Guidés par « les gens du Parc », qui veillent et font vivre les forêts préservées du Parc naturel régional des Vosges du Nord, nous sommes partis à la rencontre de ce territoire de pleine nature. Un véritable terrain de jeu pour les aventuriers à la recherche d’authenticité, loin des foules et des sentiers battus.
En ce jour gris de novembre, la route qui serpente jusqu’à La Petite-Pierre est joliment bordée de feuilles rousses, les panneaux « traversée de gibier » se succèdent et de multiples départs de sentiers invitent à s’enfoncer dans la forêt, l’une des richesses de ce territoire des Vosges du Nord. À l’entrée du village, la vue se dégage sur un océan de collines et de forêt et dévoile le château posé au bout de son éperon rocheux. C’est là que nous avons rendez-vous avec Anne Eich, responsable de la communication du Parc naturel régional des Vosges du Nord.
La charmante rue du Château dans le « Staedtel », la ville haute, mène à l’ancien pont-levis. La Maison du Parc occupe à nouveau le monument historique, après quatre années de travaux. Plutôt que de construire de nouveaux locaux, le Parc a préféré rénover. De l’extérieur, les interventions ont été discrètes et ont su conserver l’authenticité du lieu et du patrimoine. À l’intérieur, tout a été repensé pour être plus accessible, plus fonctionnel et plus lumineux. Le bois de hêtre est star avec des aménagements contemporains conçus par les architectes de DWPA et une gamme de mobilier dessinée par le studio Cynara de Melsheim, fabriquée par une menuiserie alsacienne. Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments historiques, a suivi le chantier de A a Z. « La conservation de la structure du château, sa rénovation énergétique, le réemploi et le recours à des matériaux traditionnels locaux ont vraiment guidé ces travaux d’éco-rénovation » explique Anne Eich. « Comme c’est une des missions du Parc de conserver le patrimoine bâti et de stimuler l’activité des entreprises du territoire, nous en avons fait un chantier exemplaire ! » Le grès vient d’Adamswiller, les tuiles de Niderviller, la chaux des enduits de Dahlenheim, le chêne des charpentes d’Hangviller et le hêtre des forêts avoisinantes.
Le Parc, pionnier parmi les Parcs naturels régionaux, travaille sur des projets de développement durable pour son territoire et sur des missions inspirées des problématiques locales. Une cinquantaine d’experts travaillent ici. « Attention aux clichés, nous ne sommes pas des intellos qui travaillons dans un château sur des projets hors-sol » précise Anne. « Un Parc n’impose rien, il apporte sa matière grise aux communes, aux particuliers, aux scolaires pour mener des projets de préservation de la biodiversité, du bâti, de l’artisanat… » On mesure la diversité des métiers en passant d’un étage à l’autre : des géomaticiens compilent et analysent des données pour alimenter des observatoires et des cartographies ; trois conservateurs qui gèrent les fonds des dix musées du Parc ; des architectes apportent leurs conseils à tous ceux qui veulent éco-rénover leur patrimoine ou leurs maisons anciennes ; des écologues et des ingénieurs environnement veillent à la préservation des rivières ou des espèces menacées, tel le lynx ; sans compter des planteurs de haies et de fruitiers qui officient de novembre à mars…
En 2025, le Parc naturel régional des Vosges du Nord fêtera ses 50 ans et ses projets n’ont jamais été si pertinents face aux enjeux du changement climatique et de la stratégie bas carbone. Pour Rita Jacob Bauer, sa directrice originaire d’Alsace Bossue : « Les projets sont collectifs, avec de nombreux partenaires. Notre rôle est de rassembler, de faire les choses ensemble pour leur donner plus d’impact. » Le résultat le plus visible de ces politiques s’illustre sans doute dans la somptueuse forêt des Vosges du Nord. « Nulle part ailleurs on ne trouve d’aussi belles forêts, avec un mélange de résineux et de feuillus, sans coupes rases. C’est le résultat d’une gestion particulière, d’une volonté collective à l’échelle du Parc et de nombreuses négociations avec l’ONF » se félicite-t-elle. D’ailleurs le label Liste verte de l’Union internationale pour la conservation de la nature, obtenu pour la deuxième fois cette année, compte seulement une quarantaine de sites dans le monde. Autres faces visibles des actions du Parc : le retour d’espèces animales qui repeuplent la biodiversité locale. On ne présente plus le timide lynx et sa réintroduction mouvementée, et il n’est plus rare de pouvoir observer des cigognes noires, des faucons pèlerins ou des castors. Autres exemples d’une culture de qualité en ruralité : le festival Au Grès du Jazz attire chaque année 15 000 amateurs de musique à La Petite-Pierre et Les petites histoires des Vosges du Nord proposent des spectacles dans les musées, à l’heure du goûter ou à celle du loup.