Comment en êtes-vous arrivés là ? Qu’est-ce qui a déclenché cette envie ?
Cela a démarré à l’école d’architecture de Strasbourg, où nous avons tous les deux étudié. Tous les projets bizarres qu’on nous proposait, on les faisait. Les écoles ont cette qualité de nous ouvrir les chakras. Lors d’un voyage d’études à Berlin, on a pu visiter le musée juif de Daniel Libeskind, vide : on a saisi la symbiose de l’art et de l’architecture, que chaque geste a une pensée. L’architecture est capable de plus que d’abriter : de donner des sensations et des émotions. Entre programmes, réglementations, problèmes techniques et financiers, ce n’est pas toujours facile d’arriver à cela… Un projet comme Oasis nous permet de nous concentrer sur l’essentiel, sur ce qu’on veut procurer. L’éphémère est plus libre.
Vous faisiez partie de 3RS, un des premiers collectifs d’architectes. Une manière de voir et de faire l’architecture qui a fait florès…
L’idée était de sortir de la théorie et d’essayer de faire des trucs nous-mêmes, beaucoup sur des bases d’échafaudages. On a ainsi réalisé un hôtel éphémère aux Trinitaires à Metz, un forum pour Les Nuits blanches… L’architecture transitoire permet des choses qui ne le seraient pas autrement. Et c’était une aventure humaine incroyable. Cela nous a appris une liberté d’esprit, la possibilité de sortir des sentiers battus. Et que quand on s’entoure des bonnes personnes, on peut tout faire.
Comment ces démarches ont-elles fécondé la façon de penser et de faire l’architecture aujourd’hui ?
Ça reste à la marge, mais dans les grands appels à projet on demande maintenant des occupations transitoires. Ça s’institutionnalise. Il y a même un cursus dans une école d’architecture pour monter son collectif. En tout cas cela a changer la vision du métier par les jeunes générations, leur a montré qu’on peut aller vers architecture plus sociale, moins invasive, plus pérenne. On n’est plus vu comme les mains du système.
Y a-t-il des espaces à Strasbourg sur lesquels vous aimeriez intervenir ?
Partout, nous on est des gourmands. Tout nous intéresse ! Notamment la promenade basse des quais, où il n’y a pas d’endroit où se poser, pas de rapport à l’eau. Là, il y a un vrai potentiel.
nouveauxvoisins.fr
Propos recueillis par Sylvia Dubost
Photo Thomas Lang