Et c’est évidemment favorable à l’EPS, discipline parfois prise à la légère. Jusque dans la salle des profs ou en conseil de classe ? « Il faut savoir se faire sa place, sourit monsieur le professeur. En tout cas, moi j’aime bien participer aux discussions d’orientation. Je suis d’ailleurs prof principal, ce qui m’implique à fond dans certaines décisions. J’ai des élèves qui sont en difficulté toute l’année, qui ont des moyennes faibles, le cours de sport est pour eux l’occasion de reprendre confiance. Et puis on voit en sport une facette des élèves que l’on ne voit pas forcément dans les autres cours. » Et à l’âge du lycée, les facettes sont multiples.
Patrick Billat échange beaucoup avec ses élèves, il n’est ni avare de compliments, prenant un soin particulier à magnifier chaque cap passé par un élève, ni de petites blagues bien senties. « Je m’amuse beaucoup avec eux, puis ils sont bon public ! » Les élèves ne sont pas en reste. Chamoun et Abdus se chambrent sur le choix de la voie à emprunter pour grimper le mur. Plus loin, Amal s’inquiète du silence : « Oh c’est trop calme là, parlez ! » Puis, quand elle est bloquée à la 2e prise, le professeur intervient : « Bouge pas Amal, j’appelle les pompiers ! » Finalement, et sûrement un peu piquée, elle atteint son Graal : « J’suis trop fière de moi ! » Son professeur aussi, et surtout, il le lui dit.
Fin de matinée, piste d’athlétisme, dernier cours pour des Première et Terminale avant l’évaluation du BAC. Les élèves s’encouragent, même si, à de rares exceptions près, aucun ne se réjouit du 3 x 500 mètres qui les attend. « Même moi j’aurais pas envie de le faire ! », confesse Patrick Billat, dont le physique robuste de rugbyman laisse à penser qu’il a avalé un bon paquet de tours de piste, fut un temps. À la sortie du premier tour, Shayan reconnaît qu’il préférait les séances de bowling de l’année passée. Un autre élève : « Y a un sport que je déteste vraiment c’est le step. » / « Mais c’est facile le step ! », lui répond son camarade, avec assurance / « Pas pour moi, j’ai des problèmes de coordination. » / « Ouais mais ça c’est un problème de toi avec toi. » Même après 500 mètres courus pied au plancher, on peut faire preuve de bon sens.
Quand les portes du lycée se fermeront, et pour ceux qui auront obtenu le précieux sésame, les cours de sport seront à ranger du côté des souvenirs. Ils auront alors toute une vie pour regretter cette époque d’insouciance, où l’on joue au foot avec une balle de hand, où l’on s’embrasse derrière un cheval d’arçon, où l’on prétexte une maladie rare de l’os du coude pour échapper à un duel d’escrime. En garde ! La grande vie commence.
Merci au Lycée Marie Curie et tout particulièrement à Catherine Bischoff et Patrick Billat pour nous avoir facilité la réalisation du reportage photographique qui accompagne cet article.
Par Romain Soublon
Photos Pascal Bastien