Être artisan.e
Emmanuelle Feucht

Emmanuelle Feucht, tapissière dans son atelier. © Alexis Delon
Emmanuelle Feucht, tapissière, dans son atelier quartier gare à Strasbourg. Photo : Alexis Delon / Preview

Le regard frise mais se fait timide, les gestes délicats sont assurés, le récit sincère et sensible de son parcours trahit l’humilité, toujours nécessaire face aux caprices de la matière. Emmanuelle Feucht le sait : « Je serai en rodage toute ma vie : j’apprends encore des techniques et j’apprends tous les jours sur la gestion de mon entreprise. »

Pourtant, elle en a déjà parcouru du chemin. Diplômée en 2007 de l’école d’architecture de Strasbourg, elle travaille dans différentes agences, surtout sur des marchés publics, avant d’être exaspérée par le travail de bureau : « Et puis je me suis rendu compte que je n’étais pas à l’aise avec l’échelle de travail : c’est l’échelle de l’intime et de l’habité qui m’intéressait. Même si mon parcours me sert, notamment dans la vision en 3D. »

Elle qui a toujours été bricoleuse et amatrice de mobilier prépare alors consciencieusement sa reconversion : elle repère le Dispositif transmission de savoir-faire rares et d’excellence de la frémaa, prépare sa rupture conventionnelle, trouve une entreprise (le tapissier Richard Haderer) où elle se forme pendant deux ans. « J’ai beaucoup appris en termes de techniques, mais deux ans ça reste très court. Aujourd’hui je continue à me former au textile, à la couleur mais de toute façon, il faut faire, refaire, défaire et faire encore. »

Maman depuis un an, elle se verse un petit salaire et son adhésion à la coopérative Antigone lui a permis de vivre son congé maternité sereinement, elle ajoute : « Il faudra un jour qu’on se penche sérieusement sur les femmes dans l’entreprenariat. La réalité n’est pas toute rose, même si on en est toutes capables. » Aujourd’hui installée dans son très bel atelier rue de Rosheim, elle recouvre des fauteuils, prépare rideaux et banquettes et a trouvé une consœur avec qui elle espère créer une dynamique de réseaux.


Emmanuelle Feucht – Atelier intérieur
17, rue de Rosheim à Strasbourg


Par Cécile Becker
Photo Alexis Delon / Preview