Des tribunes
aux turbines

Figure incontournable des travées de la Meinau, Grégory Walter est également chef d’entreprise depuis qu’il a repris, avec son frère Gaël, Viwamétal, l’entreprise familiale de tôlerie à Ostwald. Celle-ci vient d’obtenir le prestigieux label Vitrine Industrie du Futur pour sa propension à inspirer d’autres PME dans leur transition digitale, leur organisation et… leur bien-être. 

Grégory Walter boss de Viwamétal
Grégory Walter dans son bureau au siège de Viwamétal à Ostwald © Christoph de Barry

On connaissait Grégory Walter en tant qu’indéfectible supporter du Racing Club de Strasbourg, rayonnant avec femme, enfants et poussettes dans tous les stades de France et d’Europe, lorsque la pandémie n’était alors que science-fiction. Une époque où il avait consigné la plupart de ses déplacements dans deux remarquables ouvrages* ainsi que dans les colonnes de notre hors-série Un seul amour et pour toujours à l’occasion d’un périple à Haïfa pour les retrouvailles des Bleu et Blanc avec la Coupe d’Europe. 

On le connaissait nettement moins sous sa casquette de chef d’entreprise à la tête de Viwamétal, tôlerie familiale basée à Ostwald reprise en 2019 avec son frère, Gaël, et auréolée depuis cet hiver du prestigieux label Vitrine Industrie du Futur. Cette labellisation, qui concerne 92 sociétés en France, dont seulement cinq en Alsace, cible des structures innovantes et surtout inspirantes. Avec sa quarantaine de salariés, un chiffre d’affaires qui oscille entre six et huit millions d’euros selon les années, Viwamétal a, en quelque sorte, été récompensé pour sa capacité à se réinventer. Essentiellement par le biais de C-Koya Tech, sa jeune filiale qui vient en aide aux PME en matière de transformation digitale à partir d’un logiciel dédié à l’organisation du travail. Une méthode qui aurait éventuellement pu profiter aux joueurs de Thierry Laurey dans leur lutte pour le maintien et rejoints in extremis face à Brest (2-2), selon un scénario catastrophe dans une Meinau dépeuplée, à la veille de notre rencontre avec Grégory Walter. Dans le bureau du boss de Viwamétal, la déception du supporter est vite supplée par l’enthousiasme du manager bien que le Racing fasse partie du « projet d’entreprise ». Il concède ainsi avoir pas mal embauché « dans les tribunes » et les associations de supporters, étant davantage sensible aux savoir-être qu’aux savoir-faire, la faute également à une main d’oeuvre pénurique. « On a fait ce que tout le monde nous a dit de ne pas faire, c’est-à-dire recruter nos proches », s’amuse-t-il. À ses yeux, l’engagement associatif vaut tous les CV du monde en terme de valeurs. Avec un avantage non négligeable à la clé pour celui ou celle qui, comme lui, a le Racing dans le coeur : « Jamais, on ne te refusera un congé pour aller voir un match ».  

Viwamétal
L'entreprise d'Ostwald emploie une quarantaine de personnes © Christoph de Barry

« Gagner en capacité tout en vivant mieux »

Cette mansuétude ne serait peut-être pas d’actualité si Viwamétal n’avait repris, il y a quelques années, son destin de sous-traitant entre ses mains. En bricolant d’abord en interne et après avoir lu Getting Things Done de l’écrivain américain David Allen, auteur d’une méthode de planification en 2001 qui trouva écho chez bon nombre de managers et de salariés en quête d’échappatoires à un burn-out plus ou moins programmé . « Notre idée était de gagner en capacité mais aussi de vivre mieux », reconnait Grégory Walter.

La doctrine GTD est alors déclinée à l’échelle de la PME d’Ostwald au point de se diffuser vers des usages externes. Dans une version diluée afin d’être destinée à l’attention de potentiels clients. Du pépiniériste viticole à la start-up médicale avant de séduire au-delà des Vosges, l’ambition future, ils sont une dizaine aujourd’hui en Alsace à avoir adhéré aux préceptes de C-Koya Tech, qui a installé ses bureaux non loin de la Meinau, dans un bâtiment jouxtant les locaux de la Fédération des Supporters du Racing Club de Strasbourg dont Grégory est aussi vice-président. « La seule solution pour mieux interfacer la qualité de vie au travail et les exigences du marché, c’est l’organisation », martèle Grégory Walter.

Viwamétal
Viwamétal a été récompensé cet hiver par le label des Vitrines Industries du Futur @ Christoph de Barry

Un show-room sur 3 000 m2

Son entreprise, avec ses écrans postés au pied des machines, fait office de show-room sur 3 000 m2. Un décor grandeur nature qui sert aussi à promouvoir l’autre activité de C-Koya Tech, consistant à faciliter la transition digitale des PME à base d’applications sur mesure créées par des développeurs ayant souvent fait leurs gammes à l’usine. « Quand ils bossaient ici, il leur suffisait de descendre des bureaux pour voir si ça marche », révèle Grégory Walter. À l’arrivée, sa société a développé un cercle vertueux jamais très éloigné de l’humain. « L’enjeu est de convaincre du bienfondé du changement », précise-t-il. Histoire d’éviter des « mouroirs à projets semi-réalisés » et de prendre quelque longueurs d’avance avec les crises environnantes. À la manière du Racing, en quelque sorte, victorieux dimanche dernier dans le derby à Metz (2-1), pour la première fois depuis 2007. Bref, la transition, c’est maintenant.


* Neuf fois le tour de la Terre pour mon club et De mère en fille, de père en fils disponibles par correspondance ici.


Photos Christoph de Barry
Par Fabrice Voné