Celtic : au goût du jour

L’eau minérale Celtic, mise en bouteilles à Niederbronn par la famille Meckert depuis 1999 a modernisé ses moyens de fabrication afin de répondre à des enjeux commerciaux modernes : diversification, production responsable et consommation locale.

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Visite de l'usine de l'eau minérale Celtic et de sa nouvelle chaîne de mise en bouteille. Photo : Christoph de Barry

À la sortie de Niederbronn-les-Bains, station thermale depuis les années 1920, en progressant vers les Vosges, se niche la fabrique Celtic – et sa grande enseigne « L’eau minérale idéale ». Nous y avons rencontré Nicolas Meckert, directeur général, et Alain Andreolli, directeur marketing. Pendant la visite de leur usine, employant 14 personnes, et ses impressionnantes chaînes d’embouteillage, ils nous ont enseigné les secrets et les aspirations d’une eau vertueuse.

De caractère

« Nous sommes la seule source du Bas-Rhin, déclare fièrement Alain Andreolli. Il s’agit d’abord d’une ressource vitale pour la région. On fait partie du plan Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile), nous devons pouvoir livrer en deux heures 400 000 bouteilles à la population, en cas de catastrophe, comme un tremblement de terre ou une pollution des réseaux. » Celtic, agréée par le ministère de la santé au même titre que toutes les eaux minérales, a cela de particulier que malgré son appellation, elle ne comporte « que 50mg de minéraux par litre : c’est une eau extrêmement pure, qui permet d’éliminer les toxines. » 

De plus, elle possède « l’un des taux les plus faibles de sodium en Europe, 1,1mg par litre. La conjonction de ces deux caractéristiques la recommande pour la préparation des biberons des jeunes enfants et contre les problèmes vasculaires, l’hypertension et les affections rénales. En alsacien, on appelle d’ailleurs l’eau de Niederbronn la nierewasser, l’eau des reins. » La composition idéale de cette eau puisée à quarante mètres de profondeur tient en partie à son environnement. « Nous sommes au cœur du parc naturel des Vosges du Nord, soit 2000 hectares de forêt préservée, une réserve mondiale de biosphère classée par l’Unesco. » En théorie, il n’y aura donc « jamais d’activité humaine qui viendra polluer le site ».

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La nouvelle ligne d'embouteillage de l'eau minérale Celtic, un investissement de 3 millions d'euros. Photo : Christoph de Barry

Toute une histoire

La Liese, nom officiel de la source, abreuve une histoire antérieure à la pratique de la mise en bouteille, poursuit Alain Andreolli. « Les Celtes ont occupé toute l’Europe il y a 2000 ans, on trouve des vestiges partout en Alsace : dans le Taenchel [massif vosgien], près de Colmar, autour du Mont Saint-Odile… Ils ont probablement découvert cette source, car nous avons ici une statue, représentant la déesse de la fertilité Liese. La légende raconte que les jeunes femmes de Niederbronn en mal d’enfants allaient y faire des offrandes pour avoir des bébés. Aujourd’hui encore, on trouve parfois des offrandes de fruits et des légumes au pied de la statue. »

Une nouvelle ligne plus performante

Si le contenu demeure identique, l’histoire du contenant a évolué récemment, raconte Nicolas Meckert. « Celtic a vu le jour en 1985. L’ancienne ligne d’embouteillage date de cette époque-là. Elle traitait à la fois les contenants en verre et en plastique. Il était nécessaire et urgent de nous automatiser comme nos concurrents, pour arriver à un niveau de production optimum. La nouvelle ligne a été construite par la société Kosme, du groupe allemand Krones, le numéro 1 mondial du secteur. Elle est dédiée aux bouteilles en plastique PET [polytéréphtalate d’éthylène], nous pouvons en produire 120 000 par heure. Cela représente un investissement de 2 ans et de 3 millions d’euros, sur un chiffre d’affaires de 4 millions : c’est un vrai pari. » Si la production augmente, « nous avons réduit 25% de l’énergie nécessaire au fonctionnement, explique Alain Andreolli. Nous allons dans le sens d’une réduction de CO2, d’une amélioration de l’écodurabilité de notre activité industrielle. Nous avons pu en même temps optimiser de 20% le poids de la préforme qu’on utilise pour souffler nos bouteilles », ajoute Nicolas Meckert en présentant la préforme, une sorte de tube à essai qui sera chauffé et soufflé en forme de bouteille. « On utilise des préformes constituées de plastique recyclé à 25%. Pour l’instant, nous n’arrivons pas à atteindre les 100%. C’est une histoire de couleur, car le recyclage leur donne un aspect grisâtre. » Pour autant, Celtic a été pionnière de l’utilisation de ce fameux matériau.

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Des bouteilles d'eau minérale Celtic personnalisées.

Innovations made in Celtic

« Le PET a l’avantage de ne comporter ni bisphénol A, ni phtalates, au contraire du polycarbonate, un plastique ancien qui n’est plus aux normes qu’on attend d’un emballage de produit alimentaire, insiste Alain Andreolli. Avec, nous fabriquons aussi des bonbonnes d’eau minérale, pour les entreprises et les chantiers, par exemple. Nous sommes les seuls à proposer cela. » L’entreprise familiale, de taille réduite, a trouvé des marchés de niche dans lesquels s’épanouir. « Nous fabriquons aussi des bouteilles aux étiquettes personnalisées, pour des marques ou des événements. L’eau ne devient plus seulement un produit de consommation mais un média à part entière : on se rend compte qu’ensuite, les gens gardent la bouteille en souvenir, cela devient collector. Nous allons même au-delà en fabriquant des bouteilles sur-mesure. Je dessine une esquisse et nous travaillons ensuite avec notre mouliste pour optimiser la forme par rapport à nos contraintes techniques de soufflage et obtenir un rendu valorisant. En ce moment, confie-t-il, nous développons une forme de Tour Eiffel pour un groupe français. »

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Nicolas Meckert, directeur général de Celtic. Photo : Christoph de Barry

Et la consigne ?

L’ancienne ligne d’embouteillage est désormais exclusivement consacrée aux récipients en verre. Celtic garde un œil sur son développement possible, témoigne Nicolas Meckert. « Nous pensons que la bouteille en verre a de l’avenir car elle est recyclable à l’infini. » Actuellement, « la consigne fonctionne au niveau des cafés, hôtels et restaurants, par le biais des grossistes et des distributeurs. Au niveau des particuliers, c’est un petit peu plus compliqué, parce que le réseau a été abandonné en France, contrairement à ce que l’on peut trouver en Allemagne. Cela demande une réorganisation nationale et une volonté des pouvoirs publics. » En tout cas, « nous sommes prêts à y participer ! »

Une réimplantation locale

La démarche semblerait logique de la part d’une entreprise qui valorise son produit « dans des réseaux qui comprennent l’eau », comme « les magasins bio, dans lesquels nous sommes très présents en France ».

Même à l’étranger (Allemagne, Corée du Sud, Chine, Pays du golfe…), où part 70% de sa production, Celtic a choisi des réseaux alternatifs à la grande distribution, tels qu’une chaîne de supermarchés de luxe en Russie ou également un réseau biologique aux États-Unis. « Grâce à notre nouvel outil ultraperformant, nous souhaitons recueillir de nouveaux marchés, et surtout opérer une reconquête locale. Nos vertus sont reconnues à l’export, il faut que la région en profite ! »


Celtic
58, route de Bitche à Niederbronn-les-Bains
03 88 80 38 39


Par Antoine Ponza
Photos Christoph de Barry