« J’ai commencé à faire attention à mon alimentation il y a 50 ans, suite à de petits problèmes de santé. En remplaçant le levain par la levure dans le pain, en consommant des céréales complètes, j’ai vite perçu du mieux et compris les bienfaits du bio. En tant que meunier, j’étais bien placé pour agir et j’ai pris la décision dès 1970 de me lancer dans les farines bio », explique avec malice Edouard Meckert. Un engagement bien avant que ce soit la mode qui a fait de lui un pionnier en France. Au vu de l’explosion actuelle du marché bio, on pourrait même dire un visionnaire !
L’épeautre star
À la reprise du Moulin des Moines, propriété familiale du côté de sa femme Huguette, depuis 8 générations, Edouard Meckert a aussi pris le pari de remettre au goût du jour deux céréales injustement oubliées : l’épeautre et le petit épeautre qui sont aujourd’hui sa marque de fabrique. Connue pour sa robustesse, cette céréale collectionne les bonnes notes, puisqu’elle pousse sans engrais ni pesticides et que son écorce épaisse la protège aussi bien des prédateurs que de la pollution. Mais c’est surtout ses qualités nutritives, gustatives et sa faible teneur en gluten qui ont fait de ce grain le caviar des céréales. « Du fait de notre proximité avec l’Allemagne, la Suisse et même l’Autriche, où ces céréales étaient très connues et consommées, nous avons réussi à développer cette production et à devenir un gros exportateur (25 pays) », se réjouit Edouard Meckert. « Mon objectif, c’était de réimplanter la culture de l’épeautre bio en Alsace, pour m’approvisionner à proximité, mais à l’époque, rien n’était simple et les agriculteurs affichaient un petit sourire quand on leur parlait de bio. »
L’ère du bio
Fils de vigneron formé à l’œnologie, Edouard a facilement troqué les grains de raisin pour les grains d’épeautre. Très vite, en plus des farines, il a développé une gamme de spécialités bio à base d’épeautre. Une ambition qui donnera un sacré élan au développement du moulin. « Mais c’est la création du label bio en 1985, la multiplication des allergies et des cancers, les scandales alimentaires à répétition qui ont fini par imposer nos produits bio, après une vraie prise de conscience des consommateurs en faveur du manger sain », explique Edouard Meckert. Un bouleversement de la bio en France dont témoigne Alain Andreolli, responsable marketing de Moulin des Moines. « À côté des magasins spécialisés, la grande distribution multiplie les rayons bio, rachète des enseignes… elle représente aujourd’hui 50% du marché bio. Il va falloir être vigilant pour que le bio ne perde pas son âme et ne renie pas ses principes ! »