Yves Willmann
Tapissier-décorateur

Yves Willmann nous raconte son parcours, de son apprentissage à son travail pour le Palais Rohan, et nous présente sa boutique-atelier Palissandre.

Yves Willmann © Thomas Lang

À l’image des voltaires, crapauds, bergères et autres commodités de la -conversation qu’il restaure, Yves Willmann recèle d’histoires à raconter. À quatorze ans, inspiré par son oncle tapissier-décorateur et soucieux de gagner son pain, il arrête ses études afin de débuter un apprentissage auprès de Rémy Schneider, maître–tapissier Meilleur ouvrier de France installé rue des Frères. « J’ai été à une école très dure et rigoureuse, mais c’était un bon maître. Il ne sortait que des bons éléments. » À une époque où le métier a le vent en poupe, Yves sort premier de sa promo et se voit embaucher par la maison Blanchard, tapissier par excellence rue des Juifs. À 19 ans, il se lance à son compte, achète une camionnette à trois francs six sous « il pleuvait à l’intérieur » et fait le tour des antiquaires qui lui fournissent du travail. « Adolescent, j’ai eu une machine à coudre avant d’avoir une mobylette. Mais grâce à cette machine j’ai pu m’offrir beaucoup plus », confie-t-il. Au fil du temps, Yves roule sa bosse, les sillons sur ses paumes en témoignent, il a travaillé dur pour en arriver là. Depuis 1998, sa boutique-atelier Palissandre apparaît comme le fruit d’un parcours où huile de coude, débrouillardise et talent n’ont jamais cessé d’être. Dans un vaste espace lumineux, Hélène, responsable et décoratrice offre un conseil personnalisé, dévoilant une sélection de lins, mailles, filets, satins et velours unis ou à motifs, de la gamme londonienne Designers Guild et allemande JAB. Au fond du magasin, Yves s’affaire dans son atelier, confectionnant des rideaux sur-mesure ou redonnant vie à des héritages du passé. Attaché à l’art et aux techniques traditionnelles de garnitures, il manie avec dextérité carcasses, crin de cheval, sangles et ressorts. Un savoir-faire qui lui a valu de travailler pour le musée Grévin et le Palais Rohan. « C’est un métier magnifique lié à l’histoire de France, une vie entière à apprendre, à se remettre en question. » Fort d’une expérience de 45 ans, Yves transmet à son tour le métier à de jeunes apprenti(e)s, avec l’espoir de pérenniser un art ancestral qui a illustré toute sa vie.


Maison Palissandre
26, rue des Bouchers à Strasbourg
@palissandrestrasbourg


Par Emmanuelle Schneider
Photos Thomas Lang