Musée mémorial Walbourg 1870-1945

En « sortant des objets de l’oubli », le Musée mémorial Walbourg 1870-1945 nous embarque dans un voyage à travers l’histoire de la région. Souvenirs de l’armée et du quotidien de l’époque, cette collection émouvante parle surtout de celles et ceux qui ont vécu ces guerres.

Section du musée présentant la guerre 14-18 côté gauche et la montée des extrémismes en Europe côté droit.
Zone 14-18 (côté gauche) et montée des extrémismes en Europe (côté droit).
Soldats miniatures représentant des Alsaciens incorporés sur le front Est en 1943 © Estelle Hoffert
Des Alsaciens incorporés sur le front Est en 1943 © Estelle Hoffert

Saviez-vous que dans l’enceinte du séminaire de jeunes de Walbourg se niche un passionnant musée ? Il s’agit du Musée mémorial Walbourg 1870- 1945 et comme son nom l’indique, il retrace l’histoire des trois guerres qui ont ballotté l’Alsace entre la France et l’Allemagne. On doit ce lieu incroyable à Cédric Lemaître, président de l’association qui gère le musée et collectionneur dont la passion pour l’histoire a débuté lorsqu’il avait 9 ans. Cette année-là, son grand-père lui a raconté comment il avait perdu sa jambe, en 1945, alors que la guerre était finie. Du haut de ses 9 ans, il allait chercher du lait quand une mine a sauté sous ses pieds. Cédric Lemaître a toujours vu son grand-père avec sa prothèse et ses béquilles (elles sont d’ailleurs exposées dans le musée) et ce témoignage l’a bouleversé. Il a commencé à collecter des objets liés aux trois guerres et cela ne s’est jamais arrêté. Sa mission : « Vaincre l’oubli. » Le trentenaire espère toucher plus particulièrement les jeunes et lutter contre le négationnisme. Ces objets sont pour lui des preuves irréfutables de ce qu’ont vécu les Alsaciens durant ces périodes tragiques.

7 000 objets exposés

Cédric Lemaître, président du musée © Estelle Hoffert
Cédric Lemaître, président du musée © Estelle Hoffert

Cette collection privée comporte désormais 7 000 objets, « tous originaux et locaux », et constitués essentiellement de dons de particuliers. « 60 % proviennent d’Alsace du Nord et 40 % du reste de la région. Il y a aussi quelques objets des Vosges et du Bitcherland », précise le président du musée. Il s’agit autant d’objets militaires que civils. On peut y découvrir des armes, des costumes, des ustensiles des soldats (français, allemands, américains…) tout comme des cahiers d’école avec d’étonnantes leçons de la période nazie ou encore des jeux. La collection est mise en scène avec mannequins, décors, et ambiances olfactives et sonores reconstituant des situations : champs de bataille sous la neige, intérieur en ruine, salle de classe… Cédric Lemaître connaît chaque élément de chacune des vitrines et saynètes. Questionnez-le sur n’importe quel objet (ou photo), même le détail le plus insignifiant, et il saura vous répondre d’où cela provient, à quoi cela servait… Dans une vitrine, un morceau de métal nous interpelle : « C’est le manche de l’un des tout premiers avions français qui s’était crashé en 1939 dans le village de Barembach, relate le collectionneur. Il a été touché par la DCA allemande alors qu’il était en reconnaissance. On connaît l’identité des trois membres français de l’équipage. » Souvent, il sera capable de narrer l’histoire de la personne à qui l’objet appartenait. Notre guide nous présente ainsi un livret illustré caricaturant des juifs : « Il a été offert à la femme de l’ancien maire de Walbourg lorsqu’elle était enfant. Cette fillette n’avait pas conscience à ce moment-là du message. L’ouvrage a été créé en 1933 quand Hitler est devenu chancelier, puis distribué aux enfants via les écoles dès 1936. Lorsqu’elle est retombée dessus après-guerre, ça l’a choquée et elle l’a gardé jusqu’au moment où elle en a fait don au musée. »

Un musée vivant

Les récits sont un élément à part entière du travail de l’association. Des centaines d’heures de témoignages ont été enregistrées en vidéo et accompagnent l’exposition. Il est possible d’en visionner une partie dans la dernière salle du parcours et bientôt des QR codes permettront de regarder des extraits vidéo en lien avec les objets présentés dans chaque salle.
Le parcours parmi ces 500 m2 peut se faire en autonomie mais il est fortement recommandé de s’inscrire à une visite guidée donnée par l’un des bénévoles de l’association. À partir de 15 personnes il est même possible de privatiser le musée et de bénéficier d’une animation avec « buffet terroir » à l’issue de la visite. En 2025, trois nouvelles salles ouvriront au sous-sol avec des scénographies particulièrement réalistes qui se serviront du cadre de la cave pour évoquer la Résistance ou encore un intérieur de baraquement de camp. Il sera possible de visiter l’atelier de restauration des objets, également situé dans la partie du bas. « C’est un musée vivant, en constante évolution ! », exprime plein d’enthousiasme le fondateur du musée qui fête ses trois ans en 2024.

Effets personnels d’un parachutiste allemand tombé en janvier 1945 à Schleithal, enterré au cimetière militaire de Niederbronn-les-Bains. © Estelle Hoffert
Effets personnels d’un parachutiste allemand tombé en janvier 1945 à Schleithal, enterré au cimetière militaire de Niederbronn-les-Bains. © Estelle Hoffert

Exposition temporaire

L’exposition itinérante #StolenMemory s’installera devant le musée du 11 décembre 2024 au 31 janvier 2025, horaires : mercredis et dimanches de 14 h à 18 h.


Musée Mémorial Walbourg 1870-1945
Rue de l’Église À Walbourg
06 82 70 93 63
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Par Fanny Laemmel
Photos Estelle Hoffert