La French Touch de Keishu Kawai

Le pinceau comme prolongement de la main et l’encre de Chine au révélateur du geste. Rencontre avec Keishu Kawai, Maître de calligraphie japonaise installée en Alsace depuis une quinzaine d’années, dont l’art se joue du vide au gré de ses rencontres.

Portrait Keishu Kawai, © Pascal Bastien, à Strasbourg le 30 mars 2023.
Portrait de Keishu KAWAI © Pascal Bastien

Symboles de la beauté éphémère, les cerisiers du Japon étaient en fleurs en cette fin mars aux abords du Palais de l’Europe. Plantés en 2021, pour célébrer le 25e anniversaire de l’accession du pays du Soleil-Levant au statut d’observateur permanent auprès du Conseil de l’Europe, ils semblaient faire écho à la dernière exposition de Keishu Kawai qui s’est tenue, au mois de mars, dans les entrailles de l’institution. Intitulée « Beauté d’espace vide », l’exposition donnait à voir une quarantaine d’œuvres de cette Maître de calligraphie, formée dans la prestigieuse université de Tsukuba puis par le Grand Maître Sôin Furutani à Kyoto.

Installée en Alsace depuis une quinzaine d’années, Keishu Kawai y enseigne l’art du « Shodō » au travers d’ateliers et de workshops. « Ce n’est pas uniquement un travail d’écriture, affirme-t-elle. C’est un travail de l’intérieur qui reprend la philosophie du zen. » La préparation de l’encre de Chine et des pinceaux sont ainsi des rituels obligatoires avant de tracer un idéogramme. « Avant d’écrire, il est essentiel de faire le calme dans son cœur et de concentrer son esprit », poursuit-elle.

Un esprit qui n’a eu de cesse de s’ouvrir et de se nourrir d’échanges depuis qu’elle réside en France. En 2018, sa rencontre avec le photographe Olivier Klencklen avait débouché sur le livre Naissance de l’encre aux éditions du Tourneciel. Avec la société Barrisol®, leader mondial du plafond tendu, elle appose sa calligraphie sur des grands formats qui apportent pureté et élégance dans l’architecture classique ou contemporaine.

« J’utilise désormais le terme de french touch pour parler de ma calligraphie .» Celle-ci s’est affranchie de la tradition japonaise par l’utilisation de la couleur et de formes plus graphiques, où l’essence du trait et son sens de la composition se jouent du vide de la page blanche d’où surgissent des formes, lunes et paysages imprégnés de poésie.

keishukawai.com


Par Fabrice Voné
Photo Pascal Bastien